jeudi 29 décembre 2011

Un Jour à Pompidou: Munch, L'Oeil Moderne, Yayoi Kusama - Centre Georges Pompidou (Paris)




C'était une première, je n'étais jamais allé au Centre Pompidou. Fleuron de l'art moderne, construit en 1977, cet énorme bâtiment de 7 niveaux est une référence en matière de contemporain. Les expositions temporaires lui étant rattachées actuellement m'ont donné envie de lui rendre visite.


Je passerai rapidement sur la première exposition temporaire, celle de Cyprien Gaillard. Ce jeune artiste, à la fois archéologue et archiviste, s'appuie sur la récupération d'objets dans des lieux à l'abandon. Il photographie également des locations en ruines ou sur le point d'être transformées. Principalement constitué de ces photographies, je n'ai pas vraiment été séduit par la forme de son exposition. Le format polaroïd, trop réduit, ne nous donne vraiment pas envie de se plonger dans le sujet, pourtant pas dénué d'intérêt dans l'absolu, si l'on connaît le propos de l'artiste a priori. Cela ne me dérange pas de réfléchir mais une expo doit aussi nous absorber un minimum, nous envoyer ne serait-ce que le début d'un message. Et personnellement, les trop nombreux pola et les quelques enjoliveurs présents n'ont pas su me parler.


Par contre, quelle claque que cette rétrospective Kusama! Cette artiste japonaise née en 1929 est une précurseur dans bien des domaines. Elle en a influencé plus d'un, en commençant par Andy Warhol, qui s'est fortement inspiré de ses réseaux d'infinis. L'expo commence par ses premières oeuvres, quand elle était encore au Japon. Son univers souvent abstrait est déjà riche et profond, mais dans les années 50, c'est sans grande surprise qu'elle s'est heurtée à une forte incompréhension. Juste après avoir inventé son motif de pois ou de points (dots), elle s'en va pour New York, lieu de ses grandes expérimentations.


Pendant 15 ans, elle passera des monochromes aux infinis, puis à son principe de self-obliteration. "Ma vie est un point au milieu de ces millions de particules qui sont les pois", disait-elle. L'artiste se jette dans l'exploration de l'immensité avec sa petitesse comme point de départ. Elle prône l'autodestruction comme seule issue. Elle s'oblitère et oblitère le monde qui l'entoure. 


Le point fort de l'exposition est sans aucun doute ses environnements. Elle crée des pièces faites de miroir où ses points pourront véritablement se refléter à l'infini. En totale immersion, nous sommes à la fois émerveillés et oppressés dans ces cubes de verre, d'eau et de matière. Une sensation sans pareille, comme être dans une dimension parallèle ou un autre univers. En l'occurence, celui de Yayoi Kusama.


Dans un hôpital psychiatrique depuis 1976, l'artiste continue de produire de nouvelles oeuvres. Mais si les plus récentes m'ont paru moins marquantes, j'ai plus qu'été conquis par cet artiste visionnaire et torturée. La révélation du jour!




La visite se poursuit avec la permanence de Beaubourg. 2 niveaux, l'un regroupant les collections modernes, de 1905 à 1960, l'autre les contemporaines, de 1960 à nos jours. De la peinture surtout, de la sculpture, un peu d'art déco, de la photographie, on explore le 20ème siècle de manière chronologique. On passe d'un style à l'autre et l'on constate l'évolution des esprits et des oeuvres. Parmi les artistes, certains n'ont plus à être présenté (Picasso, Matisse, Miro, ...), d'autres seront redécouverts ou découverts tout court, comme Dado, peintre un peu fou originaire du Monténégro, ou Yves Tanguy et son "Jour de Lenteur" très Dali dans l'esprit.



Un voyage dans l'ensemble passionnant, même si, forcément, le contemporain a par moments le don de nous déboussoler. Soit on se reboussole et on apprécie (Jackson Pollock et son jeté de peinture), soit on passe à autre chose en se demandant en quoi ceci peut bien être de l'art, comme certains monochromes. C'est à mon avis l'un des principes du contemporain d'être en réflexion et moins dans le ressenti. Bien que certaines oeuvres prouvent que les 2 ne sont pas incompatibles. Ce que je retiens surtout de cette grande visite, c'est ce très intéressant voyage dans le siècle précédent, la découverte de Dado, ma reconsidération de Kandinsky et le plaisir d'avoir vu un Dali, un Pollock ou un Zao Wou-Ki.



Puis ce fût l'heure de passer à l'exposition temporaire principale du moment à Pompidou, "Munch, L'Oeil Moderne". Une vision de son travail différente, autre que par son chef-d'oeuvre bien connu, "Die Schrei" ("Le Cri"). Pourtant constitué de 140 peintures et photographies, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'expo est passée très vite. Peut-être la fatigue et la volonté d'éviter le monde présent, je n'ai pas vraiment eu l'impression de rentrer dans le monde du peintre norvégien. Ou peut-être n'ai-je pas été séduit outre-mesure par son travail, tout simplement. Certains tableaux sont exceptionnels, comme "Le Baiser" ou "La Nuit Etoilée", d'autres le sont moins. Je ne dirai pas que j'ai été déçu, parce que je ne m'attendais pas à quoi que ce soit, vu qu'il ne fait pas partie de mes peintres favoris. Munch est un grand peintre du 19ème siècle, cet expo prouve qu'il est également un grand artiste du 20ème siècle, bien en lien avec son époque et pas aussi introspectif qu'on pourrait le penser.



Pour finir, l'exposition "Danser sa Vie" a été victime de la fatigue dûe à 4h30 de visite intensive. Je ne suis pas un expert mais le sujet m'intéressait fortement. Cependant, je suis tout de même plus sensible à l'aspect classique de la danse qu'à  son côté moderne qui peut être très irritant. Une bonne partie de l'expo se rapportant au moderne justement, je n'ai pas été conquis. Quelques oeuvres valaient tout de même le détour, comme certains tableaux de Nolde et ce très beau "Construction sur Fond Blanc" de Rodtchenko. Mais je suis sûr que l'exposition pourrait s'avérer fascinante pour les amateurs de danse contemporaine.



Un longue journée donc, vous l'aurez compris juste à la longueur de ce post. Mais un beau voyage dans le monde des arts modernes!

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