mercredi 30 avril 2014

Quicktest Musique!





- Grimes - Visions (2012):
Cette jeune productrice canadienne a un univers très personnel, allant des années 80 pour le son à la culture manga pour l'image, comme en atteste le clip de "Genesis" ci-dessous. On tiquera sur sa voix fluette, addictive ou agaçante selon l'instant. Reste, objectivement, une qualité de composition supérieure à la moyenne, qui fait que ce "Visions" mérite définitivement d'y jeter une ou deux oreilles.

14/20




- School of Seven Bells - Disconnect From Desire (2010):
J'avais fortement pris une claque à la découverte de leur premier album et c'est sans aucun problème que leur deuxième disque enfonce le clou. Les éléments sont les mêmes, mais portés à maturation. C'est incroyablement doux et beau, tout en restant rythmé et accrocheur. C'est sûrement très personnel, mais cette musique me parle à tel point que School of Seven Bells rentre définitivement dans la liste de mes groupes préférés. Magnifique!

18/20




jeudi 17 avril 2014

Quicktest Cinéma!





- Insaisissables (2013) de Louis Leterrier, avec Jesse Eisenberg et Mark Ruffalo:
Avec son casting impressionnant, "Insaisissables" est au film de magie ce qu'"Ocean's 11" était au film de casse. En moins bien, le scénario étant quand même moins fluide. La maîtrise est tout de même là, le plaisir aussi, et on peut au final comparer le résultat au thème du film, la magie. Si on cherche la petite bête, on la trouvera peut-être, mais on diminuera le plaisir. Si on se laisse porter, sans trop rationaliser, le divertissement sera assuré.

14/20

- Le Hobbit: Un Voyage Inattendu (2012) de Peter Jackson, avec Martin Freeman et Ian McKellen:
Quand on n'est pas un fan absolu du "Seigneur des Anneaux", on ne peut s'empêcher de penser que ce premier volet du "Hobbit" est un peu une paraphrase. Même ambiance, même musique, même générique, même mise en scène. Heureusement, Peter Jackson a la maîtrise nécessaire pour paraphraser l'efficacité et le plaisir lié à la première trilogie. Le dépaysement, toujours aussi fort, est salutaire et les 3 heures passent comme une lettre à la Poste. 

14/20

- Looper (2012) de Rian Johnson, avec Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt:
Toutes les histoires de voyage dans le temps sont toujours un casse-tête, on ne peut s'empêcher de réfléchir à tout, savoir si tout est bien en place. Sans atteindre la perfection scénaristique de "L'Armée des 12 Singes", "Looper" est un bon puzzle SF, qui lorgne vers l'esprit de Philip K. Dick. A noter la transformation maquillage de JGL pour ressembler à Bruce Willis. C'est par moments tout à fait bluffant!

14/20

- Sugar Man (2012) de Malik Bendjelloul, avec Sixto Diaz Rodriguez:
Ou l'histoire incroyable du musicien Sixto Rodriguez, qui a vendu des millions de disques en Afrique du Sud et à travers le monde sans que personne ne sache de qui il s'agisse. On reste sidéré devant ce conte moderne et on est touché par les récits des protagonistes. Mention toute particulière au réalisateur, qui nous présente des images superbes, alors qu'il aurait pu se contenter du minimum, vu qu'il s'agit d'un film musical.

14/20

samedi 12 avril 2014

"La Contre-Basse", Théâtre de Paris - Salle Réjane





Je me lance. C'est une première, je m'essaie à la chronique théâtrale. Comme d'habitude, ce sera sans prétention, je ne suis pas critique professionnel. Et même si je vends des places de théâtre depuis 10 ans, et que c'est loin d'être ma première pièce, je ne peux qu'avouer que je ne m'y connais moins qu'en musique ou qu'en cinéma. Pas grave, j'espère vous en parler au mieux, et vous donner envie d'aller voir cette "Contre-Basse", portée, soutenue même, par Clovis Cornillac. 


Cela faisait longtemps que je n'étais pas allé au théâtre, mon emploi du temps chargé ayant souvent eu raison de mon envie de rentrer tard de Paris à chez moi. Mais cette fois-ci, je n'ai pas voulu laisser passer cette occasion. Je voulais vraiment voir cette nouvelle adaptation du texte de Patrick Süskind, longtemps interprété par Jacques Villeret. Direction donc la salle Réjane, petite salle rattachée au Théâtre de Paris, où, sur scène, trône déjà l'imposant instrument. L'autre moitié du binôme arrive et commence la partie magistrale du texte. Le personnage présente le monde de la musique classique, le rôle du contrebassiste en tant que musicien, son positionnement dans l'orchestre, qui mènera vers ses premières plaintes. Le côté ingrat de cet instrument volumineux et peu gracieux tisse des liens avec le mal-être du personnage. Sa solitude en est le point central, cette solitude qui tend vers la folie par moments, qui fait parler tout seul, ou pire, à d'autres quand on est seul. L'écriture est parfaite, à la fois subtile et fluide, le nombre de thèmes ou d'anecdotes divertit, là où le ton, du rire aux larmes, montre la richesse de la plume de Süskind. Et ce que l'on pense du personnage le prouve mieux que tout. Il nous fait marrer, il nous émeut, parfois au même moment, et, surtout, il tire de nous autant d'empathie que de détachement. Au point que l'on en vient même par moments à se demander si l'on n'a pas, après tout, l'instrument que l'on mérite. 




Pour jouer tout ça, il fallait un comédien à la hauteur. Je n'avais pas d'a priori sur Clovis Cornillac en tant qu'acteur de théâtre, et j'étais curieux de voir sa performance. Je n'ai pas été déçu du tout. Tout n'est pas parfait, il est parfois un peu trop "français" dans son interprétation, mais sa maîtrise du texte (une heure et demi seul en scène, je vous le rappelle) et du panel étendu de sentiments force le respect. Contrairement à l'humour, omniprésent, l'émotion dépend à mon sens beaucoup plus de l'interprétation. Et même si le fait de se reconnaître dans le fond doit aider, j'ai été touché par le personnage et Cornillac y est pour beaucoup. Il donne même l'impression d'évoluer physiquement au cours de la représentation, il quitte la scène les cheveux en pétard et le regard fou, alors qu'il y était entré calme, posé et le brushing impeccable. J'aurai aimé voir ce que Villeret faisait du rôle à l'époque, mais je peux vous assurer que Clovis Cornillac est à la hauteur d'un texte d'une richesse imposante, que tout le monde n'aurait pu porter.



Voici donc une bonne pièce de théâtre, où l'écriture de Patrick Süskind, auteur du "Parfum", je le rappelle, et l'interprétation de Clovis Cornillac sauront convaincre aisément. Le thème de la musique n'est qu'un prétexte pour aborder des sujets plus profonds, comme la solitude, la folie, l'amour et même l'alcoolisme. L'heure et demi passe sans problème grâce à un humour omniprésent et savamment distillé. Et l'émotion finit de nous achever et nous renvoie vers nous-mêmes. Du bon boulot, du beau théâtre, drôle et réfléchi.