samedi 23 avril 2011

Top 5: "Moi, dans la vie, j'adore porter un masque!"




A l'occasion de la sortie de Scream 4 au cinéma, voici le premier Top 5 du blog! L'occasion, grâce à un thème précis, de se remémorer de bons souvenirs cinématographiques ou musicaux. L'occasion, surtout, de vous faire participer un peu plus! Si vous pensez à d'autres exemples, ou si vous voulez carrément partager votre propre Top 5, n'hésitez pas, commentez!!




Premier thème , quels masques vous ont le plus marqués au cinéma? Voici mon classement!


- 5: Batman: de loin le masque le plus impressionnant de tous les super-héros! Vu qu'il n'a pas de pouvoir particulier, Bruce Wayne est obligé de compenser par des artifices et un costume imposant! 


- 4: Dark Vador: forcément, vu la tête d'Anakin à la fin de l'épisode 3, c'est un peu comme dans "Vanilla Sky": le masque s'imposait! Tout confort, avec effet sonore et voix grave intégrés! De quoi faire de lui l'un des plus grands méchants de l'histoire du 7ème art!


- 3: Hannibal Lecter: je ne sais pas si c'est le masque, les yeux d'Anthony Hopkins, ou la combinaison des 2, mais la 3ème place est tout à fait méritée non?


- 2: Leatherface dans "Massacre à la Tronçonneuse": parce qu'un masque fait de peau humaine, c'est quand même la classe!!!


- 1: "Scream": trouvé par hasard dans une boutique de farces et attrapes, ce masque inspiré du tableau de Munsch, "Die Schrei", correspond tout à fait à la saga. Drôle et inquiétant, selon les moments. Génial!





jeudi 21 avril 2011

Hot Chip - Coming On Strong (2004)





Hot Chip fait partie de ces groupes un peu in, apprécié dans les milieux branchés londoniens ou parisiens. Malgré la bonne réputation du groupe, je ne leur avais jamais vraiment laissé leur chance. C'est chose faite avec le 1er album des londoniens, "Coming On Strong".


Comment décrire Hot Chip... Pas évident. On les classera dans l'electro, on ressentira le côté soul et black music des années 70, et on finira par parler de pop au sens large du terme! Les beats sont bien présents, précis (on sent les heures passées sur l'ordinateur à peaufiner certains sons ou certaines séquences) et entraînants, les basses sont parfois discrètes, parfois funky comme "Down With Prince". Cependant, c'est bien la beauté de l'ensemble qui marquera. Cet album est doux, apaisant ("Crap Kraft Dinner"). Idéal pour un voyage en train ou pour se prélasser au soleil...


On ne pourra parler d'Hot Chip sans parler d'humour. Il y a parfois un côté décalé dans leur musique qui désoriente par moments. Comme dans "Bad Luck", qui sonne comme une chanson de lover, et où l'on entendra ces quelques mots: "Fuck you, you fucking fuck"...  Les kazoos et les paroles de "Keep Fallin" valent également le détour.


C'est donc une caractéristique de Hot Chip. Quand on croit partir dans une direction, on est stoppés net dans notre élan et trimballés autre part. La preuve avec le single "Playboy". Et les voix des 2 leaders du groupe vont également dans ce sens. La voix douce, presque angélique d'Alexis Taylor contraste avec la voix grave, limite pataude mais touchante ("Shining Escalade" très Damon Albarn) de Joe Goddard de l'autre.


Malgré tout ça, le minimalisme de l'ensemble fera de ce "Coming On Strong" un album qui pourra paraître plat à certains. Mais ne nous y trompons pas. La précision des arrangements ("You Ride, We Ride, In My Ride"), la douceur et la subtilité de l'ensemble en feront un album à découvrir. Quant à la question de départ, à savoir, comment décrire Hot Chip? Euh... Ca existe les geeks branchés??


15/20

dimanche 17 avril 2011

Le bon plan musique de Louis: le MAP!




C'est avec honneur que j'écris ces quelques lignes pour le blog de notre très cher David et si je prends la plume (ou le clavier), c'est pour parler de l'une de mes plus grosses claques musicales de ces derniers mois. Il s'agit du Music Alliance Pact, et sous ce nom un peu barbare se cache un un collectif de blogueurs du monde entier (en gros, comptez 40 à 50 pays différents). Tous les mois, chaque blogueur de chaque pays élit son groupe favori et poste un morceau sur le site du MAP. On a alors accès à une playlist d'une quarantaine de morceaux aux influences très différentes, le tout en téléchargement gratuit en format Zip.

Même si les styles sont divers, il ne s'agit surtout pas de musique traditionnelle (exit donc la flûte de pan pour le groupe péruvien, on laisse ça pour le métro parisien), ce qui nous permet de redécouvrir certains styles sous une approche complètement nouvelle, comme par exemple du hiphop indien, du metal israélien, du post-rock sud coréen ou de la folk espagnole.

A savoir que quelques groupes devenus connus par la suite ont été programmés en avance sur ce site, je pense notamment à l'anglaise Anna Calvi et au brésilien Curumin.

Vous pouvez donc retrouver l'édition du mois dernier sur le site du Pop Cop, toutes les autres éditions étant bien sûr disponibles en archives, dans la colonne de droite.


En espérant que vous y trouverez votre bonheur.


Louis


http://thepopcop.co.uk/



samedi 16 avril 2011

La chronique de Torti: ICO (2001)






Comparé à certaines disciplines millénaires, il aura fallu très peu de temps – un tout petit siècle – au cinéma pour être reconnu comme 7ème art par le monde entier. Alors que Super Mario vient de souffler sa 25ème bougie, on peut se demander combien de temps il faudra au jeu vidéo pour être reconnu comme 8ème art. Il est sans doute encore trop tôt pour que certaines mentalités acceptent le vidéo-ludique en tant que discipline noble. S’il est acquis que les films et les disques dont David vous parle dans ces pages sont des œuvres d’art, je vais essayer, en tant qu’invité, de vous montrer qu’un jeu sur console (ou sur ordinateur) peut également être perçu comme une véritable expression artistique à part entière, et pas seulement comme des « bip-bip, vroom-vroom, goooooooooooal !! » pour demeurés slash beaufs.


Je vais commencer cette vaste tâche par une des rares expériences que j’ai partagée avec l’hôte de ce blog en matière de gaming et pas n’importe quoi : ICO. Ce jeu, c’est au final comme le "Nevermind the Bollocks" des Sex Pistols. En s’appuyant sur des bases et des principes fondateurs connu de tous, il a réussi à révolutionner, réinventer le jeu vidéo sans passer par des « gadgets » mais bel et bien par un contenu des plus soignés. 10 ans après sa sortie (en 2001, donc) sur Playstation 2, ICO (et son papa Fumiko Ueda) est de plus en plus souvent cité comme influence par les concepteurs de jeux actuels. N’ayons pas peur de le dire : il y a un avant et un après ICO. Et ce qui fait la différence avec un autre jeu, ce n’est pas tant ses mécaniques de gameplay mais sa sensibilité, oui, sa sensibilité artistique.


Le jeu démarre sur une intro très calme. Dans une forêt inconnue, à une époque inconnue, des
cavaliers (inconnus) convoient un enfant qui a la particularité d’avoir sur sa tête une paire de cornes faisant de lui un oiseau de mauvais augure, un paria. Les cavaliers l’enferment dans un sarcophage, dans l’enceinte d’un temple où sont déjà disposés bien d’autres cercueils du même type. L’enfant n’est donc pas le premier à subir ce sort. Peu après le départ des cavaliers, un tremblement de terre se produit faisant tomber le sarcophage de notre héros (Ico ?) et le libérant dans la foulée. Le jeu commence. La caméra n’est pas vraiment libre, les angles de vue sont imposés pour poser une ambiance d’entrée de jeu. Il fait sombre, il y a peu d’endroit où aller mais Ico aperçoit une silhouette un peu plus haut dans le temple, enfermée dans une cage. Il s’agit d’une jeune fille, sensiblement du même âge qu’Ico et qui a la particularité d’être …toute blanche, d’un blanc fantomatique.
Les deux enfants qui ne se comprennent que par le geste vont devoir chercher à sortir de ce palais. Ico est habile, il saute, il escalade, il dispose d’une panoplie de mouvement semblable à celle du tout premier Prince of Persia (dont je me ferai une joie de vous parler une prochaine fois). Il peut aussi utiliser un bâton pour se défendre. En revanche la jeune fille, fluette, ne peut pas sauter bien loin, ne sait pas grimper bien loin ; bref, elle a besoin d’Ico. Il faudra non seulement se frayer un chemin hors de ce gigantesque palais mais en plus faire en sorte que celui-ci puisse être emprunté par notre nouvelle et unique amie. Pour cela le joueur devra venir à bout d’énigmes et de mécanismes retors.
De plus si on a le malheur de la laisser seul trop longtemps de terrifiantes ombres tenteront de la kidnapper en l’emportant dans un vortex dont on la sortira parfois in extremis. Les graphismes sont assez fins, les environnements détaillés, les « ombres » sont à mi-chemin entre la fumée et la tâche d’encre, le tout avec des yeux d’un bleu luisant. L’effet est particulièrement réussi.


Les contrôles sont simples : un bouton pour sauter, un pour utiliser le bâton, le reste se fait avec le stick directionnel. Mais ce n’est pas tout à fait tout. Un bouton pour appeler la jeune fille afin qu’elle nous rejoigne et un autre…pour la tenir par la main. Vous en connaissez beaucoup des jeux comme ça ?! Et là on touche à toute la poésie du jeu. Le mélange de complicité et de solitude des personnages, leur fragilité aussi. Il n’y a pas grand-chose à l’écran. Pas de score. Pas de boss. Pas de niveau. Pas de barre de vie. Pas de plan. C’est à nous de savoir si notre compagne n’est pas trop loin et si on ne l’a pas laissée seule trop longtemps. Pas ou peu de musique tout juste quelques nappes inquiétantes pour accompagner la venue des ombres et le bruit du vent et des oiseaux dans ce mélange de constructions abandonnées datant d’une époque reculée et de végétation à qui on a laissé reprendre ses droits. Ce calme est beau, apaisant lorsque l’on traverse un pont en tirant par la main la mystérieuse enfant, il est oppressant lorsque les ombres font leur apparition et s’en prenne à notre amie que l’on peine à défendre car, je le rappelle, on n’est pas équipé d’un lance-roquette (non, pas la salade, les trucs qui explosent) mais d’un vulgaire bout de bois et on dirige un garçonnet.









C’est tout ce travail sur l’ambiance, la relation entre ces deux enfants abandonnés cherchant à
s’enfuir d’une prison vide où ils n’ont que l’un pour l’autre, la raison même de leur présence respective en ce lieu, l’opposition entre lumière (la jeune fille) et obscurité (les « ombres »)et toute la symbolique qui va avec, la maladresse des mouvements des enfants (à commencer par la démarche d’Ico), tout cela contribue à faire d’Ico une œuvre touchante. Je ne vous révèlerai pas la fin de l’histoire mais quand on finit le jeu (volontairement assez court, entre 6 et 10h) on se sent ému. On a vécu une belle aventure, on a ressenti des choses pour ces deux enfants exclus, on a compris leur solitude, on a eu peur avec eux lorsque 
les ombres surgissaient. On se sent finalement comme après un très bon film, un très bon disque ou un très 
beau livre.




18/20

jeudi 14 avril 2011

Polysics - We Ate the Machine (2008)





Polysics est un groupe japonais, originaire de Tokyo. Fondé en 1997, "We Ate the Machine" est leur 5ème album. En les écoutant, on ressent toute la folie positive et créatrice de la capitale du pays du soleil levant! De la pure énergie en galette!


Après un morceau relativement classique, le groupe annonce la couleur avec "Pretty Good": l'album sera fun et fou! L'exceptionnel "Rocket" met tout le monde d'accord. Parce que là où ça devient intéressant, c'est que cette frénésie est doublée d'une grande qualité de composition. Hiroyuki Hayashi maîtrise son sujet, ou plutôt ses sujets.


Car Polysics n'a pas peur de taper d'une part dans toutes les époques, et d'autre part dans tous les styles. Dans toutes les époques car l'on passe d'un solo de moog à des programmations beaucoup plus modernes, en passant par du vocoder et des riffs de guitares variés.
Quant aux styles, du classic rock de "Moog is Love" à la pop, du heavy rock plus moderne et plus agressif ("We Ate the Machine") à l'électronique, voire au chiptune ("Blue Noise"), on y croise même du ska ("Digital Coffee"), de la dance et du funk avec "Irotokage" qui sonne presque comme du Head Automatica! Il y a à boire et à manger dans cet album, mais la cohérence est belle est bien là!


Impossible donc de s'ennuyer avec un tel opus. Vu la variété et la qualité des breaks, des sons (le génial "Kagayage") et de la composition en général, la folie dont on parlait a suffisamment de fond pour apparaître sous son meilleur jour.
Idéal pour se mettre la pêche, ce "We Ate the Machine" est vraiment à découvrir. Mais attention, le délire à force, ça fatigue! A vous donc de maîtriser le moment où vous mettrez cet album dans votre lecteur. Le mode "foufou", comme dirait Bertrand, doit être activé. Vous savez où vous mettez les pieds!


15/20





mardi 12 avril 2011

Odilon Redon, Prince du Rêve - Galeries Nationales du Grand Palais (Paris)





Peintre français né à Bordeaux en 1840, Bertrand Redon, dit Odilon, fut un artiste intègre, visionnaire et mystérieux, associé au courant symboliste. Je ne connaissais pas son oeuvre avant d'entendre parler de cette exposition, et je ne regrette pas de m'être laissé tenter. 


Redon a mis du temps à se faire connaître et être reconnu. Il était une alternative à l'époque, lui qui ne se reconnaissait pas du tout dans la façon de faire et de penser du courant impressionniste. Il fut l'un des premiers à sortir de l'exactitude de ce mouvement et à représenter l'imaginaire, l'inconscient, le rêve. Incompris, comme beaucoup d'avant-gardistes, il ouvra pour le fauvisme, le surréalisme, l'abstraction. Il eût même une influence sur le début du cinéma fantastique.





Pendant environ 20 ans, il peint une grande collection de Noirs. Inspiré par la littérature, il les sortait sous la forme d'albums regroupant un certain nombre de planches, chaque album ayant un thème bien précis. Puis, comme il le dit lui-même, la couleur est rentrée dans sa vie, et ne l'a plus quitté. Grâce au pastel, il réussit à donner à ces tableaux une intensité et une pureté de couleur incroyables. 




Cette exposition au Grand Palais est comme souvent chronologique. On retrouve une grande collection de ses Noirs. L'album de lithographies "Dans le Rêve", les hommages à Poe, à Goya, les 3 albums librement adaptés de la "Tentation de Saint-Antoine" de Flaubert, ... . Puis l'on découvrira pour la première fois la reconstitution de la magnifique salle à manger du Chateau de Domecy (mais pas la bibliothèque de l'abbaye de Fontfroide malheureusement). On terminera enfin avec la partie colorée de sa vie. Les couleurs sont si belles qu'on est presque déçu qu'elles ne représentent qu'un tiers de cette très bonne exposition. 
N'hésitez pas en tout cas à aller la voir, et à découvrir ce grand artiste qu'est Odilon Redon.


mercredi 6 avril 2011

Mumford & Sons - Sigh No More (2009)





Avant de m'attaquer à cette chronique, je pensais que Mumford & Sons étaient irlandais ou écossais, des britons venant de hautes terres très tranquilles et éloignées de tout. Car dès les premières notes de ce "Sigh No more", ça sent les ports de pêche, les chansons de marins entonnées dans des bars. On s'imagine aussi dans les grands espaces américains du 19ème siècle, colonisés par la communauté irlandaise. Pourtant, Marcus Mumford et ses 3 acolytes viennent de Londres. Formé en 2007, voici le premier album du groupe, tout de folk vêtu!


On est donc en pur terrain folk. La base chant-guitare acoustique est bien là, comme fondation de l'ensemble. Une fondation de grande qualité! Les mélodies sont imparables, accessibles mais travaillées, et d'une grande puissance émotionnelle. Cette émotion est amplifiée par la voix rauque de Mumford, qui saura se faire douce ou intense, selon l'ambiance. Les choeurs et les harmonies vocales apportent aussi beaucoup à l'ensemble. 
Contrairement à de nombreux disques folk, on appréciera la variété de l'opus, les tempos divers et l'intelligence des arrangements, qui nous évitera l'impression de déjà-vu assez présente dans ce style de musique. On ne garde ici que ce que l'on aime, notamment cette sensation de voyage, à la fois dans le temps et l'espace, à la conquête de ces terres paisibles et reculées.


Et c'est peut-être les instruments annexes qui nous évoqueront ces immenses contrées. Banjo, Dobro, mandoline et piano rapproche cette folk du terroir et apporte énormément en terme de couleurs et d'arrangements. Ainsi, "Roll Away Your Stone" et son banjo vous feront ressortir votre chapeau et votre cheval, pour une galopade à l'encontre de votre bétail, là où "Winter Winds" sonne comme une chanson de poivrots irlandais. Mais attention, doués les poivrots hein! Vous sentez cette envie de prendre votre voisin(e) par l'épaule et de bouger de gauche à droite, une bière à la main?


Des couleurs, des images, une grande qualité d'écriture... Ce premier album de Mumford & Sons est une réussite! Et je dédie cette chronique à ma chère Deb, qui me l'a fait découvrir, elle, la plus celtique de nous tous!


15/20





samedi 2 avril 2011

Blur - Think Tank (2003)






Beaucoup de choses se sont passées entre la sortie de "13" en 1999 et ce nouvel album en 2003. La première qui nous vient à l'esprit est bien sûr le départ de Graham. Blur, après quelques séances d'enregistrements au Maroc, en 2002, devient un trio. L'équilibre du groupe, modifié, donne à ce "Think Tank" une place à part dans sa discographie. Damon Albarn hérite d'une place encore plus importante dans la composition et on peut facilement tisser des liens entre cet album et ses projets parallèles. Gorillaz bien sûr, mais aussi son Mali Music, même si les sonorités nous viennent ici davantage du nord de l'Afrique.

Dès les premières notes de "Ambulance", le rythme, le sax, tout nous emmène ailleurs. Les guitares sont moins présentes, la basse d'Alex s'impose telle une nouvelle ligne directrice. Le nombre de pistes est élevé. L'épisode "13" a appris au groupe à travailler autant avec un séquenceur qu'avec leurs instruments.

A côté de ça, on conserve bien sûr la base acoustique avec des morceaux comme "Out Of Time" ou "Good Song", surement nés d'un guitare-voix. Sur ces morceaux, c'est la qualité des arrangements qui fait le travail. Sur le premier single, un groupe marocain nous entraine dans un merveilleux voyage et enrichit une chanson au squelette simple. "Good Song" bénéficie d'arrangements moindres, mais le riff principal est tout simplement exceptionnel! C'est à se demander si, parmi les nouvelles influences de Damon, on ne trouve pas... Graham Coxon!
On croisera également dans cet album des titres plus rythmés, parfois sombres ("On The Way To The Club"), parfois plus enjoués ("Brothers and Sisters"). Des titres très riches, avec des idées géniales. La mélodie au clavier, accompagnée d'une programmation de batterie incroyable dans l'un, les choeurs donnant un côté ethnique de l'autre, et toujours cette richesse de composition, ces sonorités pas forcément évidentes, comme ce clavier buzz dans le 2ème couplet de "Brothers and Sisters" qui utilise dangereusement mais avec brio les demi-tons.
Arrive ensuite "Caravan", l'un des plus jolis morceaux de l'album. Comme avec "Sweet Song", le groupe nous démontre qu'il n'a rien perdu de son talent pour écrire de magnifiques pop songs. A fleur de peau, les titres montrent une sincérité rare dans les paroles. Damon n'a plus peur de se cacher derrière des images ou des mystères et nous ouvre simplement son coeur. Le contraste est saisissant par rapport à "13". Il faut parfois se recroqueviller sur soi-même pour réussir à nouveau à s'ouvrir au monde. Des chansons superbes en tout cas, aux arrangements toujours censés.
Comme à chaque album, Blur sait nous envoyer un petit missile bien puissant dans la figure. "Bank Holiday", "Globe Alone", "Song 2" bien sûr, "Bugman"... Ici, c'est le fulgurant "We've Got A File On You" qui nous décrasse les tympans. Une punkerie d'une minute, qui pourrait faire tâche sans des arrangements exceptionnels et cohérents. Contrairement à "Crazy Beat" qui, bien qu'efficace, parait presque pauvre, presque facile en comparaison avec le reste du disque.
Le voyage continue avec "Moroccan Peoples Revolutionnary Bowl Club" avant de laisser place à l'expérimentation pure avec l'excellent "Jets". Ce morceau est à la limite de l'improvisation au niveau de sa construction, avec son riff de départ, et les idées qui viennent s'y superposer. L'impression se renforce avec le solo de sax de la fin. Pas de structure classique, mais peu importe. Blur n'a plus de limites dans sa composition. 
"Gene By Gene" touche aussi à l'expérimentation, mais plus au niveau de la production. Un morceau étrange avec ses grincements utilisés comme une rythmique. Une chanson pop malgré tout, légère, enrichie par une programmation haut de gamme!
L'album se termine avec "Battery In Your Leg", seul titre où Graham sera crédité. Tout un symbole, comme une ouverture sur un avenir à nouveau à 4! Il faudra attendre 6 ans pour cela!
En attendant, Blur nous prouve avec ce "Think Tank" qu'il peut être un groupe fabuleux à 3. Intimiste, inclassable, voire très osé, il est à la fois une douce confession et une invitation à voyager. Cependant, l'album sera toujours à part par rapport aux autres, du fait de l'absence de Graham. Beaucoup prièrent pour une reformation. Nous sommes en 2011, et le miracle est arrivé. Ceux qui comme moi ont eu la chance de voir le quatuor en concert en 2009 savent que Blur est un groupe spécial, peut-être le meilleur du monde. Mais sa discographie parlait pour lui depuis quelques années déjà.


16/20


Blur - 13 (1999)






En tant que musicien, je n'ai d'admiration que pour les groupes qui composent des chansons, des albums que je ne pourrai composer que dans mes rêves. Le 6ème disque de Blur en fait partie. Même si je lui préfère "Modern Life Is Rubbish", il y a des choses dans cet album qui font des 4 anglais un groupe exceptionnel. "13" est d'une qualité rare. Il est de ces classiques que l'on entend parfois, ces exceptions musicales qui deviennent des incontournables. 

Blur a voulu aller plus loin. On le sent dès "Tender", avec ses choeurs sur les refrains. Ajoutés aux voix de Damon et de Graham, on se retrouve avec une ambiance gospel qui nous scotche d'entrée!
Le rock est aussi présent rapidement avec "Bugman" et son intro ultra saturée. Là, c'est la production qui frappe. William Orbit, roi de l'électro, vient remplacer Stephen Street et ça s'entend. Les guitares sont très noisy, limite indus et le mix est juste monstrueux! La fin du morceau en atteste avec ses découpages et ces effets qui nous envoient ailleurs. "Space Is The Place" nous dit Damon...
Retour à la pop avec "Coffee & TV" et Graham à la plume et au chant. Pop, mais pas de retour en arrière pour autant. Pas de son à la "Parklife", on est bien dans le prolongement de l'album éponyme.
Après le moyen "Swamp Song", bluesy-bizarre, et le très bon "1992", sorte de "Sing" moderne et bruitiste, le groupe nous secoue à nouveau un petit peu avec "B.L.U.R.E.M.I." qui, à la manière de "Bugman" sonne davantage comme de l'électro-rock que comme du punk. Le morceau fait du bien au milieu de cet album sombre et introspectif.
Commence alors cette succession de trésors, ces 5 chansons fabuleuses, complexes mais incomparables que sont "Battle", "Mellow Song", "Trailerpark", "Caramel" et "Trimm Trabb". Tour à tour ambiant, noise, furieusement rock, électronique, ces morceaux sont d'une grandeur, d'une richesse incroyable. Comme tous les trésors, ils ne sont pas faciles d'accès. Et "13" fera d'ailleurs un sacré ménage dans la fanbase du groupe. Mais une fois assimilés, ils feront de ce disque un disque à part. Le niveau de composition est exceptionnel, la production impressionnante et le tout d'une cohérence totale. Personnellement, j'attribuerai une mention spéciale à "Caramel", qui tient plus du divin que de la musique...
L'album se termine avec l'excellent et épuré single "No Distance Left To Run", où Graham démontre tout son talent, et sa faculté à pondre des riffs entendus nulle part ailleurs. "Optigan 1" clôt cette démonstration de musique moderne, un instrumental qui renvoie aux nombreux interludes séparant certains morceaux, principalement à l'orgue, donnant une ambiance presque religieuse à l'ensemble.

Un petit mot enfin sur les visuels. Blur y a toujours été très attaché. Ses pochettes, d'album ou de singles, ont toujours été extrêmement soignées, et ses clips très réfléchis. "13" ne fait pas exception à la règle. La pochette n'est autre qu'une partie d'une peinture de Graham. Il signera également celle des 3 singles, des tableaux sombres et torturés collant parfaitement à l'album. Notons aussi que le clip de "Coffee & TV", qui suit les aventures d'une brique de lait, est plus que réussi et a connu de nombreuses récompenses. Enfin, le chiffre 13, et ses nombreuses significations, qui représente le B de Blur.

Le groupe nous livre donc un album sombre, imprégné de la rupture de Damon Albarn, et qui, musicalement, accentue le côté expérimental esquissé dans le disque précédent. Associé à la production extraordinaire de William Orbit, "13" est d'une classe incroyable, d'une profondeur et d'une inventivité qui le hissent au rang de classique de la musique moderne. Un parfait mélange de rock, de pop et d'électro, dans le sens le plus noble des termes. Je me souviens que je trouvais ridicule la promo télé de l'époque, qui lançait avec une voix grave digne d'une bande-annonce d'un blockbuster hollywoodien: "13, le meilleur album de Blur!". Ridicule dans la forme. Certainement pas dans le fond.

19/20




Blur - Blur (1997)






Soyons honnêtes, bien souvent en musique, les musiciens utilisent l'éponymie quand ils ne sont pas foutus de trouver un titre correct! Ce n'est pas du tout le cas ici. Les 4 anglais le savent, c'est l'album le plus personnel dont ils aient accouchés depuis le début de leur carrière. L'éponymie prend donc tout son sens. Blur est enfin Blur!
Passionné de rock indé US, le groupe se tourne vers des arrangements et une production très lo-fi, sans pour autant abandonner la base pop de leur musique. Nouvelle couleur, plus aigre-douce, nouveau son, plus brut, limite bruitiste, et même dérangeant pour certains! Pas étonnant que le grand public ait trouvé ce disque inégal. Certains morceaux sont difficiles à assimiler, comme le très sombre "Essex Dogs" ou le brouillon "I'm Just A Killer For Your Love". Blur expérimente, se confronte aux joies de la programmation, des boites à rythmes et aux effets en tout genre. Leur musique est parfois limite instrumentale, presque cinématographique ("Theme From Retro", "Death Of A Party"). Elle sait aussi se faire faussement minimaliste (le fabuleux "Strange News From Another Star", ou "You're So Great", composée et interprétée par Graham) ou plus punk que jamais ("Song 2", "Chinese Bombs"). On a affaire à un disque varié et, comme à chaque fois, d'une grande cohérence.
Le quatuor a eu tellement de succès avec ses 2 albums précédents qu'il peut se permettre de faire enfin ce qu'il veut. Paradoxalement, c'est de cette façon qu'il obtiendra le plus gros succès de sa carrière, grâce à son single "Song 2", qui marchera même aux Etats-Unis. Lo-Fi, expérimental, "Blur" (l'album) est un disque de grande qualité, qui fait s'acoquiner parfaitement le son US et le rock et la pop britanniques. Blur (le groupe) a enfin gagné son indépendance et sa liberté artistique. Il ne restera plus qu'à toucher la perfection... et "mourir"... ou pas.

16/20