C'était une première, je n'étais jamais allé au Centre Pompidou. Fleuron de l'art moderne, construit en 1977, cet énorme bâtiment de 7 niveaux est une référence en matière de contemporain. Les expositions temporaires lui étant rattachées actuellement m'ont donné envie de lui rendre visite.
Je passerai rapidement sur la première exposition temporaire, celle de Cyprien Gaillard. Ce jeune artiste, à la fois archéologue et archiviste, s'appuie sur la récupération d'objets dans des lieux à l'abandon. Il photographie également des locations en ruines ou sur le point d'être transformées. Principalement constitué de ces photographies, je n'ai pas vraiment été séduit par la forme de son exposition. Le format polaroïd, trop réduit, ne nous donne vraiment pas envie de se plonger dans le sujet, pourtant pas dénué d'intérêt dans l'absolu, si l'on connaît le propos de l'artiste a priori. Cela ne me dérange pas de réfléchir mais une expo doit aussi nous absorber un minimum, nous envoyer ne serait-ce que le début d'un message. Et personnellement, les trop nombreux pola et les quelques enjoliveurs présents n'ont pas su me parler.
Par contre, quelle claque que cette rétrospective Kusama! Cette artiste japonaise née en 1929 est une précurseur dans bien des domaines. Elle en a influencé plus d'un, en commençant par Andy Warhol, qui s'est fortement inspiré de ses réseaux d'infinis. L'expo commence par ses premières oeuvres, quand elle était encore au Japon. Son univers souvent abstrait est déjà riche et profond, mais dans les années 50, c'est sans grande surprise qu'elle s'est heurtée à une forte incompréhension. Juste après avoir inventé son motif de pois ou de points (dots), elle s'en va pour New York, lieu de ses grandes expérimentations.
Pendant 15 ans, elle passera des monochromes aux infinis, puis à son principe de self-obliteration. "Ma vie est un point au milieu de ces millions de particules qui sont les pois", disait-elle. L'artiste se jette dans l'exploration de l'immensité avec sa petitesse comme point de départ. Elle prône l'autodestruction comme seule issue. Elle s'oblitère et oblitère le monde qui l'entoure.
Le point fort de l'exposition est sans aucun doute ses environnements. Elle crée des pièces faites de miroir où ses points pourront véritablement se refléter à l'infini. En totale immersion, nous sommes à la fois émerveillés et oppressés dans ces cubes de verre, d'eau et de matière. Une sensation sans pareille, comme être dans une dimension parallèle ou un autre univers. En l'occurence, celui de Yayoi Kusama.
Dans un hôpital psychiatrique depuis 1976, l'artiste continue de produire de nouvelles oeuvres. Mais si les plus récentes m'ont paru moins marquantes, j'ai plus qu'été conquis par cet artiste visionnaire et torturée. La révélation du jour!
La visite se poursuit avec la permanence de Beaubourg. 2 niveaux, l'un regroupant les collections modernes, de 1905 à 1960, l'autre les contemporaines, de 1960 à nos jours. De la peinture surtout, de la sculpture, un peu d'art déco, de la photographie, on explore le 20ème siècle de manière chronologique. On passe d'un style à l'autre et l'on constate l'évolution des esprits et des oeuvres. Parmi les artistes, certains n'ont plus à être présenté (Picasso, Matisse, Miro, ...), d'autres seront redécouverts ou découverts tout court, comme Dado, peintre un peu fou originaire du Monténégro, ou Yves Tanguy et son "Jour de Lenteur" très Dali dans l'esprit.
Un voyage dans l'ensemble passionnant, même si, forcément, le contemporain a par moments le don de nous déboussoler. Soit on se reboussole et on apprécie (Jackson Pollock et son jeté de peinture), soit on passe à autre chose en se demandant en quoi ceci peut bien être de l'art, comme certains monochromes. C'est à mon avis l'un des principes du contemporain d'être en réflexion et moins dans le ressenti. Bien que certaines oeuvres prouvent que les 2 ne sont pas incompatibles. Ce que je retiens surtout de cette grande visite, c'est ce très intéressant voyage dans le siècle précédent, la découverte de Dado, ma reconsidération de Kandinsky et le plaisir d'avoir vu un Dali, un Pollock ou un Zao Wou-Ki.
Puis ce fût l'heure de passer à l'exposition temporaire principale du moment à Pompidou, "Munch, L'Oeil Moderne". Une vision de son travail différente, autre que par son chef-d'oeuvre bien connu, "Die Schrei" ("Le Cri"). Pourtant constitué de 140 peintures et photographies, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'expo est passée très vite. Peut-être la fatigue et la volonté d'éviter le monde présent, je n'ai pas vraiment eu l'impression de rentrer dans le monde du peintre norvégien. Ou peut-être n'ai-je pas été séduit outre-mesure par son travail, tout simplement. Certains tableaux sont exceptionnels, comme "Le Baiser" ou "La Nuit Etoilée", d'autres le sont moins. Je ne dirai pas que j'ai été déçu, parce que je ne m'attendais pas à quoi que ce soit, vu qu'il ne fait pas partie de mes peintres favoris. Munch est un grand peintre du 19ème siècle, cet expo prouve qu'il est également un grand artiste du 20ème siècle, bien en lien avec son époque et pas aussi introspectif qu'on pourrait le penser.
Pour finir, l'exposition "Danser sa Vie" a été victime de la fatigue dûe à 4h30 de visite intensive. Je ne suis pas un expert mais le sujet m'intéressait fortement. Cependant, je suis tout de même plus sensible à l'aspect classique de la danse qu'à son côté moderne qui peut être très irritant. Une bonne partie de l'expo se rapportant au moderne justement, je n'ai pas été conquis. Quelques oeuvres valaient tout de même le détour, comme certains tableaux de Nolde et ce très beau "Construction sur Fond Blanc" de Rodtchenko. Mais je suis sûr que l'exposition pourrait s'avérer fascinante pour les amateurs de danse contemporaine.
Un longue journée donc, vous l'aurez compris juste à la longueur de ce post. Mais un beau voyage dans le monde des arts modernes!
Ca faisait longtemps que je n'avais pas fait un Top 5 tiens! En ce jour de Noël, l'occasion se présente de rendre hommage à ce grand bonhomme barbu qui nous amène nos cadeaux chaque année (pour les plus sages d'entre nous bien sûr...). Sauf qu'en vrai, difficile de croiser ce monsieur. Y'en a même qui disent qu'il n'existerait pas. Carrément! Quoi qu'il en soit, au cinéma, il faut bien le représenter d'une manière ou d'une autre. Voici les 5 que j'ai retenu, il y'en a sûrement plein d'autres, n'hésitez pas à commenter pour m'en citer quelques-uns!
- 5: "Bad Santa" de Terry Zwigoff: là, on a l'exemple de ce que le Père Noël ne doit pas être. Arriver bourré au boulot, défoncer l'âne de la crèche à coups de poing devant des enfants terrorisés, ... Le tout devant un nain ultra-vulgaire... Ca va demander quelques années de thérapie pour ces petits bouts. Dans ce cas là, je vous l'accorde, autant ne pas croire au Père Noël!
- 4: "La Cité des Enfants Perdus" de Caro & Jeunet: aah le Père Krank! On ne peut pas lui reprocher sa bonne volonté, même si elle est intéressée. Mais malgré tous les efforts du monde, Krank, même déguisé, fout vraiment la frousse!! Et c'est là que l'on voit que le Père Noël, c'est aussi un physique. Loin de moi toute discrimination, mais nous voyons que cela ne fonctionne pas du tout. Sauf pour nous faire rire!
- 3: "Gremlins" de Joe Dante: Et là niveau physique? On est dans l'autre extrême. Gizmo est beaucoup trop trognon. Il n'a pas intérêt de se faire chopper par un enfant, sinon il ne repart pas. Kidnappé! Au-delà du personnage, "Gremlins", avec ses multiples casquettes, est aussi un film qui a bien compris l'esprit de Noël. A revoir tous les ans, ou presque!
- 2: "Die Hard" 1 & 2 de John McTiernan et Renny Harlin: c'est bien beau l'esprit de Noël, mais parfois, les circonstances font qu'il est difficile de l'apprécier ou de le recréer. Prenez John McClane par exemple, il ne demande qu'à passer des fêtes tranquilles. Et quand ce n'est pas possible, il faut savoir prendre les choses en main pour faire le bonheur des gens qui nous entourent. Et si l'on regarde bien, dans ce sens, nous sommes tous des Pères Noël en puissance. Yippee Kai-Yai tout le monde!
-1: "L'Etrange Noël de M. Jack" de Henry Selick: vous connaissez tous ce merveilleux conte, vous ne serez pas surpris de le retrouver à la première place. La magie est là, le personnage de Jack sait se remettre en question et partager sa passion pour Noël avec son village. Et il nous la transmet à nous aussi. Bravo Jack, tu es le Père Noël ultime!
Je vous souhaite à tous un joyeux Noël. Prenez soin de vos proches et de vous-même!
- The Green Hornet (2011) de Michel Gondry, avec Seth Rogen et Cameron Diaz: La réalisation de Michel Gondry se veut moins personnelle mais plus efficace que d'habitude. Le versaillais joue la carte de l'humour mais sait se faire sérieux et envoyer du bois aux bons moments, évitant ainsi l'ultra-parodie à la Kick Ass. Maintenant, l'humour n'est pas forcément compatible avec la mythologie et il en faut davantage pour rester dans les annales des films de super-héros. Bien fun quand même!
14/20
- True Grit (2011) des frères Cohen, avec Jeff Bridges et Matt Damon: Enfin! Enfin un Cohen qualitatif de bout en bout! Jeff Bridges et Matt Damon sont énormes et sont pourtant éclipsés par la jeune Hailee Steinfeld, exceptionnelle. Une bonne histoire, des rebondissements, une réalisation à la hauteur, des acteurs au top. Un très bon cru!
15/20
- Dragonball Evolution (2009) de James Wong, avec Justin Chatwin et Chow Yun-Fat: Comment dénaturer un manga pourtant riche en aventures et en profondeur, juste pour l'occidentaliser et toucher plus de monde. La mythique quête des 7 boules de cristal devient un simple prétexte qui cache un film sans histoire, au rythme bancal et des personnages sans profondeur. A éviter, surtout si vous avez regardé Dragonball quand vous étiez petit.
04/20
- Au-Delà (2011) de Clint Eastwood, avec Matt Damon et Cécile De France: Clint se frotte au fantastique, sous la forme d'un film chorale. Mais si le thème change, la formule reste la même. C'est peut-être la lassitude, ou les comédiens qui, à part Matt Damon, ne transmettent pas grand chose, mais malgré quelques scènes choc, ce Eastwood 2011 est loin d'avoir la puissance émotionnelle de ces précédentes réalisations.
- Diary of the Dead (2008) de George A. Romero, avec Shawn Roberts et Megan Park: Comme à son habitude, Romero se sert de ses films de zombies pour critiquer un aspect de notre société. Ici, ce sont les médias et les accrocs à l'image et au voyeurisme qui en prennent pour leur grade. Le thème est bon, le message bien traîté, mais l'on ne retrouve pas cette crispation que l'on a connu avec "Zombie", son classique. Et un film d'horreur suscite un minimum d'attente à ce niveau là. Un bon film de zombie, sans plus.
11/20
- Somewhere (2011) de Sofia Coppola, avec Stephen Dorff et Elle Fanning: La réalisatrice de toute une génération revient avec un film sur la solitude. Le traitement est légèrement différent, même si l'on retrouve ses bonnes habitudes (images douces, BO excellente), puisque l'on tend un petit peu vers le côté film d'auteur. C'est beau, c'est touchant, mais c'est terriblement ennuyeux. Coppola gagne en profondeur et en maturité mais perd une bonne partie de la magie qui caractérisait ses précédentes réalisations.
11/20
- The Thing (1982) de John Carpenter avec Kurt Russel: Finalement assez proche d'"Alien" dans ses thèmes de base, Carpenter insiste davantage sur les rapports humains et la suspicion engendrée par ce huit-clos. 30 ans après, la formule fonctionne toujours et même si "The Thing" n'atteint pas le niveau du chef-d'oeuvre de Ridley Scott, on peut le considérer comme un classique du cinéma d'horreur.
16/20
- Mange, Prie, Aime (2010) de Ryan Murphy avec Julia Roberts et Javier Bardem: Fortement critiqué à sa sortie, l'adaptation du best-seller d'Elizabeth Gilbert est un voyage, sur terre comme dans l'esprit, qui nous fait nous poser les bonnes questions. Avec un peu de naïveté et sûrement quelques clichés, le film n'est en aucun cas moralisateur et chacun devra y trouver des liens avec sa vie pour l'apprécier. Quant à Julia Roberts... Qui d'autre??
Après un premier album très remarqué par les afficionados de musique barrée, Battles revient avec leur deuxième album, "Gloss Drop". De quoi se réjouir si l'on ne savait pas que Tyondaï Braxton, principal compositeur du combo s'en est allé vers d'autres aventures musicales, en solo. N'ayant pas été remplacé, Battles est donc maintenant un trio. Va-t-on ressentir cette absence sur disque? Voici ce que je pense de ce "Gloss Drop", fortement critiqué par les puristes...
C'est évident que le départ de Braxton a enlevé de la folie dans la musique des new-yorkais. Là où le premier album partait dans tous les sens, celui-ci ne nous surprend plus tant que ça. Et ceci n'est pas juste dû au fait que ce soit une deuxième livraison. L'album est plus répétitif, plus electro dans l'esprit aussi, vu que certains morceaux s'appuient sur des riffs qui tournent en boucle, et s'enrichissent au fur et à mesure. Parfois, c'est un peu gênant, un peu dommage, comme avec le premier single "Ice Cream" et son intro exceptionnelle que le trio n'arrivera jamais à faire évoluer correctement. La chanson reste bonne mais ne s'envole jamais vraiment. A contrario, la formule fonctionne complètement sur des titres comme "Futura" ou "Inchworm". Dans l'ensemble, même si on sent l'ensemble un cran en dessous, l'ennui ne s'installe jamais vraiment au final. Et ce grâce au principal attrait de ce disque, la rythmique.
John Stanier, ancien batteur d'Helmet, impose donc sa présence, sublime certains titres et sauve les meubles quand ils doivent l'être. Son jeu est à la fois puissant et terriblement entraînant. L'album hérite même du coup d'un côté tribal, parfois renforcé par des sons typés steel drum ("Dominican Fade") ou par le chant très orienté chant africain de Yamantaka Eye sur "Sundome". L'un des changements par rapport au premier album, ce sont ces quelques titres chantés, où le trio en profite pour inviter du beau monde. De Gary Numan, grand nom de la new wave, à Kazu Makino, la chanteuse de Blonde Redhead, le groupe se donne du relief sans bafouer sa personnalité. Et c'est justement la deuxième force de ce "Gloss Drop". Battles perd en folie mais gagne en cohérence. On a l'impression que le groupe s'est trouvé un style, et même si l'on déplorera que ce style soit en deça de ce qu'il avait montré sur "Mirrored", c'est tout même une grosse bonne nouvelle. Les trois ont maintenant une base solide sur laquelle s'appuyer. Pour nous pondre un troisième disque encore meilleur? L'avenir nous le dira.
Cet album est bien un cran en dessous du premier, certes, mais la rythmique complètement addictive nous fait revenir vers ce disque d'une qualité tout de même évidente. L'absence de Braxton semble digérée, si l'on en juge sa cohérence. Reste à prouver que le trio aura la possibilité de se sublimer pour nous livrer un troisième disque à la hauteur de nos espérances.
- Cars 2 (2011) de Brad Lewis et John Lasseter: Encore une véritable démonstration technique, qui risquera néanmoins de moins parler aux tout petits. Un bon film quand même, mais qui manque d'un peu de charme et d'humanité par rapport au premier épisode. Un Pixar un peu en dessous des autres...
12/20
- Devil (2011) de John Erick Dowdle, avec Chris Messina et Logan Marshall-Green: Sûrement déçu de l'accueil donné à ses dernières réalisations, M. Night Shyamalan se contente d'écrire et confie la réalisation à de jeunes réalisateurs, dans le cadre de ses "Night Chronicles". Le scénario de "Devil" est très efficace mais pêche, comme souvent chez l'auteur du "Sixième Sens", par une certaine naïveté et par une morale un peu trop colorée. Sympathique quand même.
11/20
- Les Schtroumpfs (2011) de Raja Gosnell, avec Hank Azaria et Neil Patrick Harris: Schtroumpfement bien foutu, ce film alterne des moments vraiment excellents et d'autres un peu trop enfantins. En moyenne, les petites créatures bleues de Peyo nous abreuveront de bons sentiments, dans le sens noble du terme et nous offre un divertissement familial de bonne facture. Une bonne surprise!
12/20
- Dreamgirls (2007) de Bill Condon, avec Jamie Foxx et Beyoncé Knowles: Cette adaptation de la comédie musicale de Broadway s'inspire de l'histoire des Supremes. Nous sommes à Detroit dans les 60's-70's, plongés dans une ambiance Motown des plus agréables, malgré quelques fausses notes.