J'ai pris ce cd au hasard à ma médiathèque. Je n'avais jamais entendu parler de ce duo parisien et aucune idée de leur style de musique. La pochette, un peu étrange avec sa représentation à connotation religieuse, a attiré mon regard, le nom du groupe, particulier lui aussi, a dû me faire sentir la singularité du projet. En retournant l'objet pour regarder les titres, la mention "featuring Jarvis Cocker" à côté du titre "Synchronize" a fini de me convaincre. Il y a un plaisir tout particulier à prendre un disque sans avoir la moindre information sur le contenu, juste avec un visuel qui nous plaît ou une impression positive. Et le plaisir est encore plus important si, à l'écoute du contenu, l'on se rend compte que le ramage se rapporte au plumage.
Le premier morceau ne laisse pas augurer de tant de singularité que ça, malgré son titre. De l'electro-dance de très bonne facture quand même, avec Matias Aguayo au chant susurré (présent également en featuring sur le dernier album des Battles). Mais dès le second, "Falkenberg", de nouveaux horizons s'ouvrent à nous. Avec sa mélodie au steel drum, les rythmes surprennent davantage et nous entraînent avec une facilité déconcertante. "D-a" change encore d'atmosphère et Baxter Dury, très en vogue actuellement, nous envoûte de sa voix douce. L'electro devient electronica, les ambiances sont très travaillées et très différentes d'un titre à l'autre, et parfois à l'intérieur d'un même morceau, a l'instar d'"Antiphonie", avec son début baroque qui part en quasi techno. Ce qui ressort en tout cas, c'est que le duo parisien convainc, quelle que soit l'ambiance.
Mais quid des amateurs d'electro véritables? Il est vrai que quelques titres seulement partent en pure musique électronique, notamment l'imparable "Ring Mutilation" taillé pour le dancefloor. Discodeine donne l'impression d'être autant dans ce style que dans la musique de film (le début d'"Homo-Compatible", "Figures In a Soundscape"). Pour autant, les deux n'en oublient jamais les rythmes. Ceux ci sont soignés, travaillés, certes de manière différente parfois (juste le kick par exemple), mais sont bel et bien présents. On ne tombe du coup jamais dans la simple contemplation, et l'on tape du pied à longueur de disque. Ainsi, "Grace" par exemple sonne un peu comme une cérémonie religieuse. Mais une cérémonie religieuse où l'on danserait!
Même si les puristes seront peut-être, je dis bien peut-être, déçus par le côté trop ambiancé de certaines pistes, Discodeine a tout de même énormément d'arguments. De quoi séduire les fans de musique électronique donc, mais pas que. En tant qu'amateur de musiques cinématographiques ou d'electro, j'ai été entièrement séduit par ce premier album des parisiens. Connu et reconnu dans le milieu pour ses remixes de Metronomy ou LCD Soundsystem, le duo passe le cap et s'impose avec ses propres créations. Un premier essai bien transformé!
- Intouchables (2011) d'Olivier Nakache et Eric Toledano, avec François Cluzet et Omar Sy: Si l'on compare les deux derniers grands succès au box-office français, force est de constater qu'"Intouchables" est largement supérieur aux "Chtis". On rigole ici beaucoup plus franchement et on apprécie le côté en apparence non formaté. En apparence seulement. Car c'est juste une nouvelle façon de formater, jusqu'à la prochaine. A voir quand même, pour se taper une bonne tranche de rire.
14/20
- L'Agence (2011) de George Nolfi, avec Matt Damon et Emily Blunt: Cette adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick mélange plutôt habilement l'action, la science-fiction et la romance, mais oublie d'aller au fond des choses, ce qui au dommage quand on connaît la profondeur des idées de l'auteur. Le film se regarde quand même avec plaisir, surtout grâce à la connivence du duo d'acteurs.
12/20
- Pirates des Caraïbes 4, la Fontaine de Jouvence (2011) de Rob Marshall, avec Johnny Depp et Penelope Cruz: Ce quatrième volet a tellement été descendu par la critique qu'après coup, il ne déçoit qu'à moitié. Pas si mauvais, il agace surtout par la resucée des formules maintes et maintes fois utilisées dans la trilogie, qui tournait déjà un peu en rond sur la fin. Un épisode supplémentaire quelconque, à l'image du cinéma d'aujourd'hui qui, quand il tient une recette, l'use autant que possible.
10/20
- Captain America: First Avenger (2011) de Joe Johnston, avec Chris Evans et Haylee Atwell: Encore une adaptation d'un super-héros. Quand on parle de recette... Pas grand chose à retenir ici, on essaie de voir le second degré quant à l'ultra-patriotisme affiché par le héros mais on n'en est jamais sûr. Le fond ne convainc pas vraiment et même les effets spéciaux, qui sont l'un des attraits de ce genre de film, paraissent anormalement synthétiques et faux. Pas foncièrement mauvais mais finalement agaçant.
Vous connaissiez le Quicktest Cinéma, voici son équivalent musical! Au lieu de quatre films, vous ne retrouverez que deux albums à chaque fois, mais agrémentés d'un petit clip pour chaque, histoire de mieux illustrer mes quelques mots. Bonne écoute!
- Guillemots - Walk The River (2011): Un peu folk, un peu rock, un peu pop, la musique de Fyfe Dangerfield peut paraître légèrement plate de prime abord, mais livre ses secrets et sa beauté au fil des écoutes. Un bon album qui aurait quand même mérité d'être synthétisé. Quelques longueurs rattrapées par quelques morceaux vraiment très bons, comme "Inside" ou "Vermillion".
13/20
- The Besnard Lakes - The Besnard Lakes Are The Roaring Night (2010): Indé jusqu'au bout des ongles, ce groupe de Montréal ne séduira peut-être que les aficionados du genre. Dommage, car les arguments sont là. De bonnes idées, de bonnes sonorités et une touche 70's qui apporte quelque chose. Rien de foncièrement original mais pas de quoi bouder son plaisir non plus.
- Rio (2011) de Carlos Saldanha: Besoin de vous évader et de ressentir les bonnes vibrations du Brésil? Le nouveau film d'animation du réalisateur de "L'Age de Glace" vous enivrera des couleurs et des rythmes de Rio de Janeiro. Et même si le film n'a rien d'exceptionnel, ces mignonnes bêtes à plumes nous feront passer un bon moment. Forcément positif pour le moral!
12/20
- Never Let Me Go (2011) de Mark Romanek, avec Keira Knightley et Carey Mulligan: De merveilleux acteurs portent ce sujet incroyable qui pourrait nous faire réfléchir mille fois. Paradoxalement, grâce à une réalisation et une photographie apaisante, Romanek annihile nos réflexions, sonde nos émotions les plus profondes et nous touche en plein coeur. "Never Let Me Go" a la beauté absolue d'une histoire sans espoir.
15/20
- Bad Teacher (2011) de Jake Kasdan, avec Cameron Diaz et Justin Timberlake: Le moins que l'on puisse dire, c'est que le politiquement correct n'a pas sa place dans cette comédie. Rien à voir avec Judd Apatow, Ben Stiller ou les frères Farrelly, sans tomber dans la vulgarité, l'humour de "Bad Teacher" sait aller loin, très loin même, mais est toujours contenue par Jake Kasdan, pour un résultat tout à fait concluant et recommandable. Une bonne comédie US!
13/20
- Killing Bono (2011) de Nick Hamm, avec Ben Barnes et Robert Sheehan: La question que l'on se pose tout au long du film, c'est qu'on se demande si on est en face d'une comédie ou pas. A ne pas savoir choisir, Nick Hamm ne convainc pas. Inférieur à "Dig", qui propose la même intrigue (Dandy Warhols vs Brian Jonestown Massacre), "Killing Bono" n'est pas aidé non plus par des acteurs moyens, qui ne savent peut-être pas non plus sur quel pied danser. On finit par croire que moyennement à cette histoire qui est pourtant vraie!
Après "Tesis", "Abre Los Ojos" ou "Les Autres", Alejandro Amenabar est sûrement l'un des réalisateurs espagnols les plus attendus de ces dernières années. En 2010, il nous revient avec "Agora", un ambitieux péplum philosophique et scientifique. Ne vous fiez pas aux apparences, même si Rachel Weisz tient le rôle principal, nous ne sommes pas du tout en présence d'une grosse production américaine, le film étant hispano-maltais! De quoi lui donner une liberté supplémentaire, en accord total avec le thème du film.
L'histoire se passe en l'an 391, à Alexandrie, en Egypte. Hypatie d'Alexandrie est une mathématicienne et philosophe grecque, respectée pour son savoir et sa sagesse. Ses recherches sur le mouvement des planètes occupent son esprit, tout comme ses cours à la bibliothèque de la ville. Elle va voir son enseignement se heurter à la montée du christianisme et ne pourra rien faire face au fanatisme qui l'entoure. Le film raconte cette prise de pouvoir de la religion catholique, et l'on suit cette héroïne au destin brisé, qui ne pourra empêcher l'autodestruction de sa cité. Un sujet intemporel, toujours d'actualité, qui montre le rapport de force entre différentes croyances, qu'elles soient religieuses ou non. Peu importe les arguments, la force appelle inévitablement la force, et l'on se rend compte à quel point le bien et le mal sont fondamentalement inscrits dans la nature humaine.
Ce genre de film appelle à une certaine véracité dans la reconstitution historique. On sent qu'Amenabar a fait beaucoup d'efforts pour retranscrire les us et coutumes de l'époque. Les décors sont absolument fabuleux, mis en valeur par une mise en scène de grande classe. Un réalisme hallucinant qui nous transporte immédiatement. Les costumes sont parfaits, et même les scènes de vie semblent fidèles. Pourtant, même si l'Egypte romaine semble exemplaire, "Agora" ne peut prétendre être le récit fidèle de la vie de la philosophe, dont la majorité des travaux sont partis en fumée dans l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie. Toutefois, on sent une attention toute particulière dans la reconstitution, qui nous fait y croire plus que suffisamment.
La force du film repose de toute façon dans la puissance du sujet. Ce combat entre les sciences et les religions montre une incapacité profonde à se comprendre, car l'opposition des points de vue est totale. Et peu importe le nôtre, les choses sont racontées de manière à comprendre les forces en présence, et l'on voit ce qui pousse chacun à choisir son camp. La puissance des argumentaires ou des manipulations s'impose à chaque élève, à chaque habitant, en fonction de sa connaissance, de son statut social ou de sa pauvreté. Le tout se complexifie encore davantage lorsque l'ensemble est mêlé à la politique. Le personnage d'Oreste est tiraillé entre son amour pour Hypatie, ses convictions personnelles et l'avenir de son peuple. Ce qui ressort de ce récit, c'est surtout la sincérité qui émane des différents partis, ainsi que l'intensité des croyances de chacun. Et c'est de là que le film tire sa grandeur.
Tant de questions qui continueront de se poser, pendant des siècles et des siècles, et qui se posent encore de nos jours dans certains pays. Amenabar nous livre sans contexte son meilleur film, une oeuvre puissante, intemporelle, qui ne laisseront de marbre que ceux qui n'y verront qu'une fresque historique basique. "Agora" est un appel à la connaissance, à la sagesse, comme écho à la liberté. Se souvenir du passé, de ce que l'on a appris et s'en servir comme fondation pour l'avenir.
- Fighter (2011) de David Russel, avec Mark Wahlberg et Christian Bale: L'histoire vraie et touchante du boxer Micky Ward et de sa famille. Plus qu'un film sur la boxe, "Fighter" est surtout un film sur l'entourage familial et son influence. Ce qui apporte au métrage sa force, mais aussi sa faiblesse. Trop de mélodrame tue le drame, et l'empathie ne fonctionne qu'à moitié. Mais fonctionne quand même.
13/20
- Duplicity (2009) de Tony Gilroy, avec Julia Roberts et Clive Owen: Le problème avec un film traîté de cette façon, c'est qu'il est difficile d'en dire trop de bien ou trop de mal. Tout est sympa mais rien n'est approfondi et, malgré l'impeccable présence de Julia Roberts et Clive Owen, on se retrouve avec un film quelconque, et un air de déjà-vu, que ce soit dans les intrigues ou la réalisation. Sympa donc. Mais on ne s'en souviendra peut-être pas...
10/20
- Dirty Dancing (1987) d'Emile Ardolino, avec Patrick Swayze et Jennifer Grey: Un film mythique mais qui ne l'est finalement que pour sa bande son et sa superbe scène finale. Le reste n'a pas beaucoup de fond et reste très primaire, que ce soit dans les intrigues, les dialogues ou les personnages, à l'exception de Patrick Swayze, à qui, à mon avis, le film peut dire merci...
08/20
- Bonobos (2011) d'Alain Tissier, avec ... des bonobos: Ces grands singes sont l'espèce la plus proche de l'homme génétiquement, et ce très joli film documentaire nous le prouve en quelques plans seulement, tellement leur regard et leur comportement nous semble familier. Maintenant, le sujet est clairement traîté pour les plus jeunes d'entre nous, ce qui le confinera à un public restreint. Dommage.