dimanche 23 juin 2013

Quicktest Cinéma!





- Holy Motors (2012) de Leos Carax, avec Denis Lavant et Edith Scob:
Il serait très facile de dire que ce film est ultra prétentieux (comme il serait facile de dire qu'il est génial, pour se la raconter un peu). Certains passages tendent en tout cas vers le grand n'importe quoi. D'autres montrent heureusement que Carax n'est pas un réalisateur lambda et que son travail, pas facile d'accès, mérite persévérance et réflexion. Mais dans l'ensemble, cette sur-intellectualisation aura davantage tendance à desservir qu'à servir, et lassera bon nombre de spectateurs.

10/20

- Le Lorax (2012) de Chris Renaud:
Bizarre que ce film porte le nom d'un personnage qui y apparaisse si peu... Cette fable écolo emprunte pas mal de formules déjà vues et manque considérablement de personnalité. On a du mal à savoir à quel public il s'adresse vraiment. Il est heureusement sauvé par un savoir-faire et quelques excès de mignonneries. Et par son message, qui lui s'adresse à tout le monde.

12/20

- Kill List (2012) de Ben Wheatley, avec Neil Maskell et Michael Smiley:
On a frôlé la claque! Une réalisation de haut vol et une bande son complètement ahurissante nous embarque dans cette histoire aux apparences classiques, mais qui se révèle pleine de surprises. L'immersion est totale, le plaisir aussi mais il est fortement gâché par une fin complètement wtf. Dommage, car tout le reste met à l'amende bon nombre de films actuels, indépendants ou pas. On suivra la carrière de Ben Wheatley avec attention en tout cas!

13/20

- Rock Forever (2012) d'Adam Shankman, avec Tom Cruise et Alec Baldwin:
Parfois présenté comme un hommage au rock FM des années 80, on ressent en fait plus le côté comédie musicale de Broadway, dont le film est adapté. Du coup, "Rock Forever" sera aussi jugé par rapport à sa bande son, tantôt mignonette, tantôt insupportable, surtout si l'on attend beaucoup du mot Rock présent dans le titre. On retiendra juste les numéros d'acteur de Tom Cruise, excellent, comme souvent, et d'Alec Baldwin. 

10/20

mardi 18 juin 2013

Quicktest musique!





- Deftones - Koi No Yokan (2012):
Le précédent album des californiens les avait remis en selle de la plus belle des manières. Son descendant direct que voici continue dans la lignée, en étant un poil plus énergique. "Koi No Yokan" garde cette relative simplicité, synonyme d'efficacité, et confirme le regain de forme de la bande à Chino. Il manque peut-être un poil de surprise par rapport à "Diamond Eyes", mais bon, on ne peut pas tout avoir.

15/20




- Rodrigo y Gabriela, C.U.B.A. - Area 52 (2012):
Attention, ceci n'est (malheureusement) pas à proprement parler un nouvel album du duo mexicain. Il s'agit de réorchestrations de certains de leurs titres, avec un orchestre cubain. Prometteuse, la recette corrige, sur la plupart des morceaux, le petit défaut de Rod y Gab, à savoir la redondance de leur style. Certains arrangements ne seront pas forcément accessibles pour ceux qui n'ont pas l'habitude du genre, mais l'ensemble est de très bonne facture. Dommage quand même qu'il ne s'agisse pas d'inédits...

14/20




samedi 15 juin 2013

Cinema Paradiso, Soirée Colette - Nef du Grand Palais, Paris





Quelle bonne idée de faire un drive-in, un vrai, à Paris! Tout le monde connaît le cinéma en plein air de la Villette, qui réunit chaque été, gratuitement, des centaines de personnes, plus ou moins fans de ciné d'ailleurs. Mais le confort n'est pas idéal, et sur le papier, ce Cinema Paradiso s'apprête à lui mettre une belle fessée! Pour le cadre d'abord, puisque c'est la magnifique Nef du Grand Palais qui accueillera les cinéphiles. Puis pour tout ce qu'il y a autour aussi, car un environnement à l'améwicaine yeah nous est proposé. Piste de roller, stand de véritables burgers, concours en tout genre... Un événement donc, confirmé a priori par la vente de billets pour les différents films proposés, qui se sont vendus comme des bouchées de pain. Mais comme je le disais, ça, c'est sur le papier...




Commençons par les bonnes choses. Je ne reviendrai pas sur le cadre, superbe, surtout quand la nuit commence à tomber. Parlons ciné, 26 séances, que des classiques, de "Taxi Driver" à "Pulp Fiction", en passant par "Retour Vers le Futur". Pour une première édition, c'est la classe. Le confort des séances ne laisse pas trop de doute, installés que vous serez dans des vrais sièges de ciné, des transats, ou carrément dans des Fiat 500, avec champagne à volonté, pour un prix VIP. Le pass film vous permet de venir en journée pour profiter des attractions et de l'environnement recréé. Mieux, le pass ciné, mais aussi le pass journée, vous permettent de rester aux soirées electro qui ont lieu dans le SuperClub! Au choix, soirées Colette, O'Five, Kitsuné ou la journée Wandertlust, ses séances de yoga et son ambiance flower power. Des concours de baby-foot, de milkshakes, deux expositions, une sur les jeux vidéos et une d'art contemporain, intitulée "L'Echappée Belle", regroupant une cinquantaine d'oeuvres. Un programme très varié, et très riche. Mais où est le problème alors?




Comme je vous le disais. Tout ça, c'est sur le papier. Car en pratique, on a fait le tour des activités en à peine une heure. Pour peu qu'on ne soit pas joueur de baby, qu'on ne passe pas des heures sur la succession de jeux vidéos, qui n'est d'ailleurs pas une exposition (il ne s'agit pas de regrouper de nombreuses, certes, machines ou bornes d'arcade, pour en faire une expo...), le tour est vite fait. De même, à la fin de la journée, on n'aura pas forcément l'énergie de chausser les rollers pour aller sur la piste. Ce qui prend le plus de temps, c'est finalement de faire le tour des différents stands de marque. Et c'est là que le bât blesse. On ne rentre pas du tout dans une ambiance drive-in, mais dans un gigantesque placement produit, même pas dissimulé! C'est flagrant et plus qu'agaçant, car on finit par ne plus voir que ça. Du coup, peut-être qu'un bon repas nous changerait les idées. C'est les canadiens d'Omnivore qui viennent exprès nous préparer leurs spécialités. Mais là encore, 16€ le minuscule menu, avec des chips de base pour remplacer les frites, parce que le stand n'aurait pas les normes de sécurités nécessaires? 8€ la tiny portion de maccaroni and cheese, en ce qui me concerne... Reste à attendre la soirée Colette, pour effacer tout ça.




Heureusement, la soirée est prévue assez tôt, et commence vers 21h. Attendez, en même temps que la séance de ciné, qui a lieu à quelques mètres? Ne vous inquiétez pas, car la séance se fait grâce aux nouveaux  casques sans fil anti-bruits de la marque Silence Events... Non, je ne plaisante pas... Bref, la soirée Colette, avec là par contre, Digitalism en live, un tribute à Ed Banger avec Busy P entre autres... Le son raisonne un peu mais l'ambiance est là, la qualité aussi. Le tout, encore une fois, dans un cadre grandiose. Un très bon moment qui fait relativiser un début de soirée, sous forme de pilule à avaler.




Finalement, c'est le prix d'entrée qui déterminera votre niveau de déception. C'est un peu naze de parler d'argent mais c'est vraiment ce que j'ai ressenti. J'ai relativisé facilement avec mon pass journée à 6,50€ en tarif adhérent, au lieu de 11,50€ à la base, qui m'aurait déjà plus embêté. Mais le plaisir d'être dans la Nef, profiter de ce cadre la nuit, et la soirée Colette valaient le déplacement. 20,50€ pour voir un film, je trouvais ça trop cher à la base, mais avec une écoute au casque en plus, qui enlève quand même toute chance de convivialité... Quant au forfait pour deux personnes à 80,50€ pour l'accès à la Fiat Uno, j'espère que le champagne était vraiment bon. Pour cette première édition, ce Cinema Paradiso bénéficie donc de l'aspect événementiel qui l'entoure, et la hype qui l'accompagne. Mais tout ça reste de la théorie, et en pratique, seules les soirées electro et, à la rigueur, l'exposition "L'Echappée Belle", pourtant mal mise en valeur, valent le prix d'entrée. Finalement, Cinema Paradiso, c'est malheureusement le collectif H5, dont une oeuvre est présente, qui en parle le mieux. "In Brand We Trust".




jeudi 13 juin 2013

Quicktest Ciné!





- Woody Allen: A Documentary (2012) de Robert B. Weide, avec Woody Allen:
Que l'on aime ou pas Woody Allen, force est de reconnaître qu'il est un personnage plus qu'intéressant, et lui accorder un tel documentaire est des plus logiques. Son rythme de tournage, ses névroses, ses hauts et ses bas, ou tout simplement sa longévité, autant de sujets abordés, et de belle manière, dans ce reportage passionnant, qui se regarde facilement. Conseillé aux fans de Allen, et pourquoi pas aux autres!

14/20

- Cosmopolis (2012) de David Cronenberg, avec Robert Pattinson et Paul Giamatti:
Un Cronenberg, comme à son habitude, ne laisse pas indifférent. Et vous serez nombreux à vous ennuyer devant le rythme lent, mais pourtant pas immobile, de Cosmopolis. Les autres apprécieront cette critique acerbe du capitalisme, du point de vue de cette infime frange de la population qui dirige le monde, et le décalage qui peut se créer dans leur tête. Pattinson est au top, le début de sa carrière est définitivement pardonné.

13/20

- En Direct sur Ed TV (1999) de Ron Howard, avec Matthew McConaughey et Jenna Elfman:
A l'époque, Ed TV avait souffert de sa concurrence avec le "Truman Show" de Peter Weir. Moins réfléchi, mais pas forcément idiot, le film est en tout cas un bon divertissement, relevé d'un casting plus que sympathique, mais qui, à l'image de certains films du réalisateur, gagnerait à aller plus au fond des choses. On passe tout de même un bon moment.

13/20

- L'Age de Glace 4, La Dérive des Continents (2012) de Steve Martino et Mike Thurmeier:
Un 4ème épisode? Le 2 était déjà moins bon, et le 3 m'avait considérablement gonflé, j'ai presque dû me forcer pour regarder ce 4ème volet. Pourtant, la surprise est bonne. Bien réalisé, l'action et l'humour font mouche à nouveau et redonnent des couleurs à la franchise. Mais que ce ne soit pas une raison pour nous pondre 3 ou 4 films supplémentaires hein!

13/20

mardi 11 juin 2013

L'Ange du Bizarre, Le Romantisme Noir de Goya à Ernst - Musée d'Orsay, Paris





Cet "Ange du Bizarre" était sans contestation possible l'une des expositions les plus attendues de cette année 2013. Empruntant son titre à un conte fantastique d'Edgar Allan Poe, traduit par Baudelaire, elle se présente de manière thématique et retrace ce courant noir, commun à de nombreuses périodes de l'histoire de l'art, que ce soit en peinture ou en sculpture, qui a attiré bon nombre d'artistes. Cette fascination des ténèbres, des sorcières, des villes mortes et autres paysages inquiétants, a toujours été une réponse aux inquiétudes du quotidien, par la force de l'imaginaire. Ce romantisme noir est ici retracée sous trois périodes, de sa naissance, à la fin du 18ème siècle, aux mutations symbolistes du 19ème, et pour finir, la redécouverte surréaliste du début du 20ème. Un sombre voyage des plus envoûtants!




C'est paradoxalement au siècle des Lumières que remonte les premiers signes de noirceur. La cassure engendrée par la Révolution Française s'est ressentie dans l'Europe entière et ouvre l'esprit des penseurs. Elle ébranle la Raison, et éveille la curiosité de certains artistes, élargissant ainsi leurs modèles de représentation. Delacroix, Blake ou encore Bouguereau, pourtant connu pour un plus grand classicisme, s'inspire de Dante ou de Milton, Füssli peint "Le Cauchemar", et Goya reconsidère tout son art. Le satanisme, la torture, mais aussi des sous-entendus plus érotiques, imprègnent une certaine frange artistique de l'époque jusqu'à devenir un courant majeur. Même la représentation des paysages est touchée, et les romantiques allemands que sont Caspar David Friedrich ou Carl Friedrich Lessing dépeignent des paysages lugubres ou des endroits isolés, inquiétants.




La deuxième partie de l'expo montre les mutations symbolistes lors de la deuxième moitié de 19ème siècle. L'origine est encore sociétale, les troubles engendrés entre autres par la guerre de 1870 influencent à nouveau les courants artistiques. Le monde s'est modernisé, les références littéraires et philosophiques sont encore plus poussées, engendrant un pessimisme inquiétant. Artistiquement, on assiste à de forts partis pris, a l'instar de Munch par exemple, tout en étrangeté. Les paysages sont souvent nocturnes, comme Jozsef Rippl-Ronai ou le superbe "Digue, la Nuit" de Spilliaert, à l'ambiance proche des Noirs d'Odilon Redon (que l'on retrouvera d'ailleurs également).




Un personnage mythologique est fortement présent dans cette partie, il s'agit de la Méduse. De l'hypnotisant bouclier d'Arnold Bocklin à la "Victime" de Gustave Moreau, comme une introduction à l'un des thèmes récurrents de cette période. La Mère-Nature et la femme sont deux symboles déchus, perçues par certains comme des forces destructrices, dont il faut se méfier plus que tout. Les mythes de la sorcière ou du vampire reviennent au premier plan, chez Munch et ses baisers par exemple, qui invitent à différentes interprétations, ou encore chez Moreau, avec cette impressionnante "Apparition".




Enfin, la dernière partie de cette rétrospective nous enverra au 20ème siècle avec la redécouverte du romantisme noir par les surréalistes, et de l'anticonformisme et du contraste de ce courant. Des  éléments qui correspondent parfaitement à l'état d'esprit moderniste de Dali, Ernst ou Masson. C'est peut-être la partie de l'expo que j'ai le moins aimé, non qu'elle ne soit pas intéressante, bien au contraire. L'évolution de la noirceur, en lien avec l'absurdité de certains aspects du quotidien (guerre de 14-18), est parfaitement représentée. Mais c'est le nombre d'oeuvres qui pêche, bien moindre que les autres périodes. Plus personnellement, je n'ai pas été touché par les tableaux de Max Ernst, ce qui a un tantinet réduit l'intérêt de cette salle unique. Heureusement compensé par deux très belles peintures de Paul Klee, un "Sans Titre" et "Les Fleurs de Grotte" pour terminer l'exposition.


Entre chaque période de l'histoire, le cinéma est mis à l'honneur avec des extraits vidéos des débuts du cinéma d'horreur. Les premiers grands classiques du cinéma d'horreur que sont "Dracula" ou "Frankenstein", font écho à la thématique cultivée par ces peintres et ces auteurs qui ont osé une autre représentation, plus libertaire, mais aussi plus sombre. Outre ces classiques horrifiques, "Rebecca" d'Alfred Hitchcock, "Les Trois Lumières" de Fritz Lang, ou un extrait du "Chien Andalou" de Dali, venant introduire le surréalisme.




En conclusion, je ne peux que vous conseiller cette superbe exposition du Musée d'Orsay. Et je ne suis pas le seul, car le bouche à oreille est excellent. En atteste la prolongation de deux semaines dont elle bénéficie. Initialement prévue jusqu'au 9 juin, vous avez désormais jusqu'au 23 juin pour lui rendre visite. Mais peut-être vous demandez-vous s'il faut être attiré par certains côtés sombres pour l'apprécier à sa juste valeur? Et bien pas du tout. Comme le précise les explications sur le premier mur de l'exposition, "L'incroyance n'empêche pas de céder aux séductions de l'art satanique". 



lundi 10 juin 2013

"Prometheus" de Ridley Scott (2012)





Sir Ridley Scott revient à la science-fiction, 33 ans après "Alien" et 30 ans après "Blade Runner". Ce fût incontestablement l'un des événements ciné de cette année 2012, vu le nombre de rumeurs ayant accompagné la production de ce projet, dès le départ. Puis chaque news fît l'effet d'une bombe à partir du moment où les mots préquelle et Alien ont été utilisés dans la même phrase. Mais qu'en est-il vraiment? Prometheus est-il vraiment un nouvel épisode de la saga ou n'est-ce qu'un coup promotionnel? Ou un amalgame facile, provoqué par le retour de Scott au style qui l'a fait roi? Ce dernier s'en défend en tout cas, et présente son dernier film comme le début d'une nouvelle mythologie. Mais n'est-ce pas trop tard? Prometheus peut-il quand même exister par lui-même?


La première chose qui frappe dans Prometheus, c'est sa relative clarté. Chaque épisode d'Alien est différent l'un de l'autre, dans son style et dans la marque imprégnée par son réalisateur. Mais tous ont en commun une noirceur étouffante, que l'on ne retrouve pas ici. Il y a l'eau, la Terre, la lumière du soleil, y compris sur LV223, lune sur laquelle notre équipage va effectuer ses recherches. Rien à voir avec les planètes inquiétantes de la saga. L'histoire non plus ne partage pas la même humeur. Plus mâture, plus ouverte vers le monde, on parle ici des origines de l'Homme, et même si l'Homme en question va se heurter au même genre de pépins que sur LV426, la ligne directrice est clairement plus optimiste. Tout est construit de manière très scientifique en tout cas, comme pour refléter le côté méticuleux apporté au scénario, plus complet qu'il n'en a l'air. 
La réalisation de Ridley Scott colle à ses éléments et n'a pas grand chose en commun avec le huit-clos irrespirable de 1979. Au contraire, on pourrait limite lui reprocher cette sagesse. Si bien sûr il s'agissait d'un épisode de la saga. Mais plus on visionne Prometheus, plus cette idée ne semble pas évidente. Les clins d'oeil sont légion, l'ambiguïté est fortement entretenue, mais la différence est là, techniquement, avec sa réalisation classieuse, presque trop propre, sa photographie claire et précise, mais aussi du point de vue des ambiances. Le casting est bon, Noomi Rapace et Charlize Theron assurent, sans jamais faire penser à Ripley, pareil pour Michael Fassbender, parfait en droïde forcément équivoque. 
Tout va bien donc à première vue, Prometheus semble voler de ses propres ailes. Un premier volet d'une nouvelle mythologie à la thématique principale intéressante (les origines de l'Humanité), qui dépendra quand même beaucoup des épisodes qui suivront. Les choses ne sont évidemment pas si simples...


Le thème premier est donc limpide, mais n'empêche pas les énigmes secondaires. Et parmi elles, les origines ... d'"Alien". On retrouve l'expédition dans l'espace, financée par la célèbre Weyland Company, bien connue des fans de la saga. Un fidèle droïde, évidemment ambivalent, accompagne l'équipage, même si pour le coup, l'effet de surprise est passé, et l'ambiguïté semble parfois un poil forcée. Heureusement, Fassbender fait passer la pilule sans trop de souci grâce à une très bonne interprétation. Dans l'ensemble, le  rythme des références est bien maîtrisé. Mieux, on assiste même à quelques scènes de plaisir absolu, comme le décollage du Space Jockey, ou encore l'excellente évolution physique du xénomorphe, avec la dernière scène du film en point d'orgue. Sir Ridley maîtrise son univers et l'effet est plus que réussi. Certains passages m'ont fait pensé à la transformation d'Anakin Skywalker en Dark Vador, dans le troisième Star Wars, ces liens qui se tissent et ces choses qui prennent sens. Et cette délicieuse impression d'être quand même un peu dans la saga originale. Là encore, on parle ici d'un premier volet d'une série d'épisodes, et le ressenti dépendra également de la suite des aventures. En outre, là où certaines choses s'expliquent quelque peu, de nouvelles questions se posent. La filiation est en tout cas bien maîtrisée, et apporte plus qu'elle ne dessert.


Prometheus n'est donc pas, à mon avis, un nouvel épisode d'"Alien", mais on pourrait le décrire comme un cousin. Comme l'a dit Ridley Scott lui-même, il partage le même ADN, mais il n'est pas un parent ou un descendant direct. Il doit donc être jugé à part, et heureusement pour lui dans un sens, car il ne ferait quand même pas le poids, au vu de la qualité de chacun des films de la quadrilogie.
En lui-même, Prometheus assure avec sa qualité technique, ses problématiques intéressantes et des personnages bien interprétés. Tout n'est pas parfait, certaines lignes du scénario paraissent un peu forcées, maladroites ou manquent d'intérêt. Mais ces relatives faiblesses sont compensées par quelques scènes jouissives pour les amateurs du genre, et les fans d'"Alien" en particulier.
Ne boudons donc pas notre plaisir et croisons les doigts pour que la suite des aventures d'Elisabeth Shaw se passe bien, et prenne de l'ampleur au fil du temps.

15/20