dimanche 30 décembre 2012

"Contagion" de Steven Soderbergh (2011)





Après trois ans de projets indépendants, Steven Soderbergh nous revient en 2011 avec "Contagion" qui, comme son nom l'indique, est un film sur la propagation d'un virus. Sa dernière livraison, le double métrage sur le Che, nous avait un peu laissé de marbre, traînant un peu trop en longueur, malgré une qualité évidente. C'est sûrement l'argument principal des détracteurs du réalisateur. Du talent, il en a, à revendre même! Mais le traitement ou le choix de ses films laisse parfois perplexe. Ce qui compte pour moi, c'est le nombre de claques qu'il a su me mettre en 25 ans de carrière. Et après "Hors d'Atteinte", "Solaris", "Ocean's 11" ou "Traffic", en voici une de plus.


La semaine dernière, c'était la fin du monde. J'ai renoncé à faire un Top 5 sur ce thème, car je n'avais rien d'original à dire. Ce film tombe à point nommé, on a parlé d'astéroïde, d'extra-terrestres, d'inversion polaire, mais un virus pourrait complètement jouer le rôle du destructeur final. Et quoi de plus flippant qu'un être bactériologique, invisible, inévitable et inarrêtable? Quoi de pire qu'une fin que l'on voit venir et que l'on ne peut contenir? Soderbergh insiste sur ce côté inéluctable, sa caméra filme les contacts, tellement nombreux que l'on en est même pas conscient. A l'ère du tactile, si l'épidémie se mettait en marche, on ne pourrait rien faire si ce n'est attendre. Et c'est en ça que "Contagion" est intéressant. Quelles sont les solutions? Se calfeutrer chez soi et éviter tout contact avec les autres comme le personnage de Matt Damon, et ainsi ne plus vivre qu'à moitié, en espérant que cela passe? Idem pour les autorités, à quel moment agir, à quel moment l'annoncer, comment l'annoncer sans provoquer la panique, la déshumanisation par la peur? Que dire de l'influence des médias dans la société actuelle, et de la suspicion que la plupart d'entre nous pourrait avoir? Y croire comme le personnage de Jude Law vous ferait passer pour un fou, comme ceux qui ont cru au 21/12/12, avec leur bunker et leurs réserves de nourriture. Pour les autres, le syndrome "Saint Thomas" pourrait leur permettre de garder la face en cas de fausse alerte, mais sinon? Les médias ont fait de nous des machines à douter, et nos facultés de raisonnement et de questionnement pourraient très bien être notre pire ennemi dans ce genre de situations.


Tant de questions sur un sujet passionnant que le film pose de la plus belle manière. La réalisation est exceptionnelle, très crue, très froide, et met donc l'accent sur la propagation. Les cacahuètes sur le bar, les verres, les écrans tactiles, les transports en commun, tous ces plans serrés renforcent l'angoisse. Elle est également très réaliste, s'appuyant souvent sur des termes scientifiques. Le casting est impressionnant, mais Soderbergh le rend volontairement discret. Les stars ne survivent pas plus, tous les personnages peuvent mourir. Cela permet de comprendre que si contamination il y a, tout le monde peut être touché. 
Le scénario est particulièrement bien écrit. Forcément un peu fouillis, il arrive à aborder un nombre de thématiques et d'angles de vues importants. L'un des sujets les mieux traités est le rapport au vaccin, et notamment la façon glaçante que les autorités du film de le distribuer. La fin pose également une dernière bonne question sur la conservation des souches toxiques.
Dernier point technique, la musique de Cliff Martinez est particulièrement efficace et colle parfaitement au côté anxiogène du métrage. Compère de Soderbergh depuis le début, cet ancien batteur des Red Hot Chili Peppers (oui oui!) s'est récemment fait remarqué avec la bande originale de Drive. On entendra sûrement beaucoup parlé de lui dans les prochaines années.


A sa sortie, il aurait été difficile de prédire le succès ou l'échec de ce film. Un an après, ce "Contagion" n'a pas fait l'unanimité. Pourtant, je ne suis pas sûr qu'il s'agisse d'un problème de qualité, mais plutôt de positionnement. Pas vraiment blockbuster de par son côté réaliste, pas vraiment indépendant avec toutes ses stars au générique, "Contagion" est un film riche, difficile à cerner, qui pose nombre de questions sur la nature humaine en période de crise majeure. C'est sans doute le meilleur film sur la contamination depuis "28 Jours Plus Tard", qui officie dans un style bien différent, et peut-être le meilleur film de Steven Soderbergh. Une réussite!


16/20




2 commentaires:

  1. Moi, j'aurais mis plus.
    J'ai adoré ce film avec une belle distribution

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    1. C'est déjà une bonne note 16! Super film en tout cas oui!

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