mercredi 21 septembre 2011
Funeral Party - The Golden Age of Knowhere (2011)
Gros plan aujourd'hui sur un tout jeune groupe de Los Angeles, qui tire son nom, Funeral Party, d'une chanson des Cure. Leur premier album, "The Golden Age of Knowhere", et leurs prestations scéniques survoltées leur profèrent une réputation de groupe à ne louper sous aucun prétexte. Repéré et produit par l'ingé son de The Mars Volta, mixé par Dave Sardy, voici un disque plus que prometteur sur le papier. Et à l'écoute, ça donne quoi?
Comme son titre l'indique, "New York City Moves To the Sound of L.A." tend fortement vers les Strokes et le rock new-yorkais, mais avec la fougue et l'insouciance qui caractérise la côte ouest. Rien d'exceptionnel mais d'une énergie suffisante pour débuter un disque de très bonne manière. Après un "Car Wars" plus dansant, sympathique mais toujours pas impérissable malgré un solo du gratteux de The Mars Volta, les choses sérieuses commencent avec l'excellent "Finale", très bon titre rock qui sonne comme un hymne avec son final (justement) en choeurs. Un peu plus tard déboule "Just Because" et sa rythmique atomique qui nous en met plein les oreilles. Un titre qui montre une autre facette du combo avec sa gouache proche du post-hardcore. S'en suit quelques morceaux corrects, avant une fin d'album de haute volée. Le génial "Youth & Poverty" se démarque avec sa pointe d'emo et son refrain imparable. "Relics To Ruin" sonne comme une pause bienvenue, où les mélodies prennent le dessus sur l'énergie. Enfin, une dernière claque bien travaillée qui donnera son nom à l'album finit de nous rappeler le potentiel des californiens.
On a donc une impression d'un disque à 2 vitesses, avec des morceaux vraiment excellents et d'autres seulement... bons. Ce qui est déjà pas mal pour un premier disque! Funeral Party nous offre donc en guise de premier album un trait d'union idéal entre le rock de la Big Apple et la fougue et l'énergie du post-hardcore californien. En plus de ça, le groupe sait déjà soigner ses ambiances grâce à une utilisation savamment dosée des claviers, et ses couleurs avec des chansons plutôt variées. il ne restera plus qu'à confirmer avec un 2ème album que l'on n'espèrera plus constant. A suivre!
14/20
jeudi 15 septembre 2011
"Black Swan" de Darren Aronofsky (2011)
L'attente autour du nouveau film d'Aronofsky était assez impressionnante. Sorti quelques mois plus tôt aux Etats-Unis, multi-nominé (puis récompensé) aux Oscars et aux Golden Globes, ce "Black Swan" était attendu de pied ferme sur notre territoire. Déjà qu'en soi, toute sortie du réalisateur américain est une bombe potentielle, "The Wrestler" avait avant cela signé son retour en grâce après "The Fountain", son plus grand échec auprès des critiques. Sur le papier, ce "Black Swan" semblait avoir toutes les qualités requises pour devenir une des oeuvres cinématographiques les plus fortes de ces dernières années.
La scène d'ouverture nous apporte déjà les réponses. La puissance de la musique, le blanc, le noir, la pureté de l'univers de la danse classique, tout de suite contrebalancée par le cadre sombre et l'aspect fantastique du cygne noir. Ce sentiment d'étrangeté ne quittera jamais le film. Le réalisateur enchaîne les effets de miroirs, de reflets, nous renseignant sur l'un des thèmes principaux du long-métrage. Certains plans sont même dignes de films d'épouvante, comme ce passage ultra furtif d'un portrait aux yeux qui bougent qui nous fait froid dans le dos...
Darren Aronofsky a choisi le cadre de la danse classique pour nous raconter son histoire. A l'instar de son précédent film, qui nous entraînait dans l'univers du catch, on est ici entièrement plongé dans le quotidien de ces danseuses. Filmé de manière assez réaliste, on les voit s'échauffer, préparer leurs chaussons, mais on comprend aussi les valeurs de cet art. Et c'est là que le film prend toute sa grandeur. L'exigence du milieu, cette recherche obsessive de la perfection, et bien sûr l'histoire du "Lac des Cygnes" en elle-même, donne au propos une profondeur incroyable, et une porte d'entrée idéale dans la folie et la cassure psychologique. Du coup, l'une des questions que l'on pouvait se poser avant de voir le film était de savoir si on avait besoin d'aimer la danse classique pour aimer le film. Bien sûr que c'est un plus, mais le cadre est totalement en accord avec l'histoire et les thèmes abordés et les nourrit complètement.
"Black Swan" s'appuie beaucoup sur le rapport au corps. Cela va de simples gros plans sur les pieds des danseuses jusqu'aux scènes de blessures. La peau, les ongles, autant de moments assez difficiles à supporter en tant que spectateur. L'un des thèmes du film étant la quête de la perfection, qui passe par l'abandon de soi, la sensualité et la sexualité sont forcément présentes. Et Aronofsky en parle très justement en montrant tout le mal que Nina peut avoir pour assumer certaines choses de la vie.
Bien que ce soit évident, je vais quand même parler un peu du casting. Comme pour Nina dans l'histoire, il fût sûrement assez compliqué de trouver l'actrice capable d'interpréter le cygne blanc et le cygne noir. Que dire de Natalie Portman... Tout ou presque a déjà été dit, elle est parfaite dans les 3 quarts du film avant d'être juste époustouflante dans le dernier quart. A côté d'elle, il faut saluer la performance de Mila Kunis, tout à fait à la hauteur, ce qui n'est quand même pas rien. Cassel fait le boulot, et on a beaucoup de plaisir à retrouver Winona Ryder. Et malgré tout ça, ce qui ressort de cette heure 50, c'est l'oeuvre. Le film en lui-même. Car Darren Aronofsky surpasse chaque élément du film et se surpasse lui-même pour créer ce qui est sans doute son plus grand accomplissement à ce jour. Le réalisateur est au service de l'histoire, au point qu'on ne finit par ne voir plus qu'elle.
Vous l'aurez donc compris, "Black Swan" se révèle à la hauteur de nos attentes. Que ce soit dans le fond ou dans la forme, il est une oeuvre d'une incroyable intensité et d'une forte cohérence artistique. Bien sûr, le thème du dédoublement (ou plus...) de personnalité est toujours attendu au tournant. Tout le monde va avoir tendance à chercher la faille, au détour de chaque ligne du récit. Pour ceux qui chercheraient à trop vouloir comprendre, je citerai le film lui-même, dans une phrase qui pourrait le résumer. "La perfection n'est pas que dans le contrôle, elle est aussi dans le laisser-aller."
18/20
dimanche 11 septembre 2011
Naïve New Beaters - Wallace (2009)
Vous avez sûrement entendu leur "Live Good" dans la pub Nokia. Les Naïve New Beaters, trio parisien bien déjanté, nous ont servi en 2009 leur 1er album, "Wallace", un cocktail de fusion fun et légère. Les trois compères David Boring, Eurobelix et Martin Luther BB King, la tête tournée vers la côte est américaine, avaient emballé les foules avec leur premier méfait.
Dans quoi va-t-on classer les NNBS? Les guitares rock sont bien présentes, les beats sont electro et le chant est hip-hop. Une sorte de fusion bien dans son époque, dans un écran pop. Les dosages sont parfaits et il est du coup bien difficile de rapprocher le trio d'un style ou d'un autre. Le titre d'ouverture, "L.A. Trumpets" nous l'indique, l'esprit californien est très présent, il fait partie intégrante de leur musique. On pense notamment à Sugar Ray ou à 311. Tout est dans la positive attitude, loin du flow des banlieues. Quitte à tomber dans une certaine naïveté. Mais après tout, ça aussi c'était dans le titre.
Je ne suis pas du genre à parler d'abord des points négatifs, mais c'est malheureusement l'une des choses que je retiens de ce disque. Je n'ai rien contre la naïveté en soi, elle n'est pas forcément gênante, mais je pense quand même qu'elle ne doit pas être omniprésente. Il manque un peu de folie dans cet album. Les guitares, pleines de bonnes idées, sont beaucoup trop polies, trop en retrait. Cette production lisse, politiquement correcte, nous donne un arrière-goût de produit marketé, alors qu'il n'en est peut-être rien!
Suis-je du coup en train de vous dire que l'album est mauvais? Point du tout! Même si des chansons plus légères comme "Just Another Day" font limite penser à une parodie, aucun titre n'est vraiment à jeter. "L.A. Trumpets" nous met les idées en place d'entrée, même topo pour la chanson cachée en clôture de disque. "Live Good" donne dans la très bonne fusion pop, et "Can't Choose" ou "Boring David" sont juste d'excellents morceaux. Les bonnes idées se succèdent dans un style pourtant connu pour ses clichés, et l'ennui n'est pas de mise.
Cet album est en tout cas un concentré de plaisir, de légèreté et de détente. Mais le côté plus que pop et trop produit nous fera nous demander si tout ça est du lard ou du cochon. Où est le fond? Y'en a-t-il seulement, ou NNBS n'est en fait qu'une grosse bonne blague? On attendra la suite pour se faire une idée.
Maintenant, on a ici un album bien déconneur, bien fun, et de qualité qui plus est. Donc si vous pensez que je réfléchis trop, ça m'arrive des fois, trouvez cet album, écoutez-le et ... have fun! Débrancher son cerveau peut faire du bien parfois...
12/20
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