Après trois ans de projets indépendants, Steven Soderbergh nous revient en 2011 avec "Contagion" qui, comme son nom l'indique, est un film sur la propagation d'un virus. Sa dernière livraison, le double métrage sur le Che, nous avait un peu laissé de marbre, traînant un peu trop en longueur, malgré une qualité évidente. C'est sûrement l'argument principal des détracteurs du réalisateur. Du talent, il en a, à revendre même! Mais le traitement ou le choix de ses films laisse parfois perplexe. Ce qui compte pour moi, c'est le nombre de claques qu'il a su me mettre en 25 ans de carrière. Et après "Hors d'Atteinte", "Solaris", "Ocean's 11" ou "Traffic", en voici une de plus. La semaine dernière, c'était la fin du monde. J'ai renoncé à faire un Top 5 sur ce thème, car je n'avais rien d'original à dire. Ce film tombe à point nommé, on a parlé d'astéroïde, d'extra-terrestres, d'inversion polaire, mais un virus pourrait complètement jouer le rôle du destructeur final. Et quoi de plus flippant qu'un être bactériologique, invisible, inévitable et inarrêtable? Quoi de pire qu'une fin que l'on voit venir et que l'on ne peut contenir? Soderbergh insiste sur ce côté inéluctable, sa caméra filme les contacts, tellement nombreux que l'on en est même pas conscient. A l'ère du tactile, si l'épidémie se mettait en marche, on ne pourrait rien faire si ce n'est attendre. Et c'est en ça que "Contagion" est intéressant. Quelles sont les solutions? Se calfeutrer chez soi et éviter tout contact avec les autres comme le personnage de Matt Damon, et ainsi ne plus vivre qu'à moitié, en espérant que cela passe? Idem pour les autorités, à quel moment agir, à quel moment l'annoncer, comment l'annoncer sans provoquer la panique, la déshumanisation par la peur? Que dire de l'influence des médias dans la société actuelle, et de la suspicion que la plupart d'entre nous pourrait avoir? Y croire comme le personnage de Jude Law vous ferait passer pour un fou, comme ceux qui ont cru au 21/12/12, avec leur bunker et leurs réserves de nourriture. Pour les autres, le syndrome "Saint Thomas" pourrait leur permettre de garder la face en cas de fausse alerte, mais sinon? Les médias ont fait de nous des machines à douter, et nos facultés de raisonnement et de questionnement pourraient très bien être notre pire ennemi dans ce genre de situations. Tant de questions sur un sujet passionnant que le film pose de la plus belle manière. La réalisation est exceptionnelle, très crue, très froide, et met donc l'accent sur la propagation. Les cacahuètes sur le bar, les verres, les écrans tactiles, les transports en commun, tous ces plans serrés renforcent l'angoisse. Elle est également très réaliste, s'appuyant souvent sur des termes scientifiques. Le casting est impressionnant, mais Soderbergh le rend volontairement discret. Les stars ne survivent pas plus, tous les personnages peuvent mourir. Cela permet de comprendre que si contamination il y a, tout le monde peut être touché. Le scénario est particulièrement bien écrit. Forcément un peu fouillis, il arrive à aborder un nombre de thématiques et d'angles de vues importants. L'un des sujets les mieux traités est le rapport au vaccin, et notamment la façon glaçante que les autorités du film de le distribuer. La fin pose également une dernière bonne question sur la conservation des souches toxiques. Dernier point technique, la musique de Cliff Martinez est particulièrement efficace et colle parfaitement au côté anxiogène du métrage. Compère de Soderbergh depuis le début, cet ancien batteur des Red Hot Chili Peppers (oui oui!) s'est récemment fait remarqué avec la bande originale de Drive. On entendra sûrement beaucoup parlé de lui dans les prochaines années. A sa sortie, il aurait été difficile de prédire le succès ou l'échec de ce film. Un an après, ce "Contagion" n'a pas fait l'unanimité. Pourtant, je ne suis pas sûr qu'il s'agisse d'un problème de qualité, mais plutôt de positionnement. Pas vraiment blockbuster de par son côté réaliste, pas vraiment indépendant avec toutes ses stars au générique, "Contagion" est un film riche, difficile à cerner, qui pose nombre de questions sur la nature humaine en période de crise majeure. C'est sans doute le meilleur film sur la contamination depuis "28 Jours Plus Tard", qui officie dans un style bien différent, et peut-être le meilleur film de Steven Soderbergh. Une réussite! 16/20
- Beach House - Bloom (2012): Au début, on trouve cet album un peu redondant. Mêmes ambiances, mêmes tempos, la pop éthérée du duo ne surprend pas longtemps. Puis, les mélodies nous choppent par le col pour ne plus nous lâcher. Chaque morceau, à défaut d'originalité, a un petit quelque chose, et la somme de ces quelque choses nous donne un album d'une douceur et d'une volupté plus qu'attachantes. 14/20
- Boys Noize - Power (2009): Boys Noize est allemand et ça s'entend. Digne descendant de Kraftwerk, on pourrait également le rapprocher par moments de ses compatriotes Digitalism, en moins mélodique. Boys Noize tend beaucoup plus vers la techno, et à vrai dire, son album est impressionnant, notamment dans sa création de sons, mais s'avère fatiguant à écouter d'une traite. Idéal en club, sûrement, mais à écouter avec parcimonie à la maison. Du très bon boulot tout de même. 13/20
- Terminator 2: Le Jugement Dernier (1991) de James Cameron, avec Arnold Schwarzenegger et Edward Furlong: Du classique SF au classique de l'entertainment. Histoire, scénario, mythologie, musique, réalisation, personnages... Et des effets spéciaux hallucinants! Dommage que l'interprétation laisse franchement à désirer, notamment celle de Linda Hamilton, irritante, ou de quelques personnages secondaires. Pas suffisant pour gâcher le plaisir! 15/20 - Des Hommes et Des Dieux (2010) de Xavier Beauvois, avec Lambert Wilson et Michael Lonsdale: Il y a du fond, c'est certain. Xavier Beauvois, malgré une réalisation passive au possible, ne se plante pas du tout sur le traîtement des personnages et les réflexions religieuses et humaines. Mais la forme... On ne peut pas dire que "Des Hommes et Des Dieux" est un mauvais film, mais on ne peut pas non plus parler de moment de plaisir tant ennui il y a. 09/20 - Elephant Man (1980) de David Lynch, avec John Hurt et Anthony Hopkins: Comme la fable ultime sur les comportements humains, la tolérance et l'acceptation des autres, ce vieux film de David Lynch alterne avec brio les séquences dures et émouvantes. Difficile de ne pas être touché par l'histoire de John Merrick. Et vu que cette histoire est vraie, elle fait d'autant plus réfléchir. 15/20 - J. Edgar (2012) de Clint Eastwood, avec Leonardo DiCaprio et Naomi Watts: Le Clint 2012 remonte d'un cran par rapport aux éditions précédentes, plutôt décevantes, bien aidé forcément par Monsieur DiCaprio, toujours parfait. On passe des faits politiques aux besoins affectifs du patron du FBI, une ambiguité s'installe entre les deux, au point de ne plus vouloir lâcher des yeux ce personnage paradoxal et torturé par son amour secret. 13/20
- The Chariot - Wars and Rumors of Wars (2009): Le post-hardcore au nom de Jésus-Christ notre Sauveur me laisse assez souvent de marbre, mais je dois avouer que j'ai trouvé The Chariot différent. Beaucoup plus méchant, beaucoup plus ravagé, The Chariot reste post-hardcore mais avec une ferveur punk, une variété et une complexité qui balaye les clichés et arrive à séduire (enfin, surtout les initiés...). Du bon bourrin, Jésus doit être fier de vous! 14/20
- Fink - Perfect Darkness (2011): Changement complet de style avec Fink, sa folk et sa voix particulière. On rentre tout de suite dans l'univers du grand-breton, grâce à la qualité et la variété de ses arrangements. Sa voix est envoûtante et ses chansons font mouche. Dommage que certains titres traînent un peu en longueur, car quand on n'a que deux riffs pendant cinq minutes, aussi bons soient-ils, cela finit par s'entendre, malgré les arrangements. Un bon album quand même! 13/20
Mes Top 5 se font bien trop rares. Ce ne sont pas les thèmes qui manquent pourtant. Ce qui est marrant, c'est que le dernier parlait de neige, et celui-ci du froid. Plus que ça même, le grand froid, et les problèmes qu'ont pu rencontré des personnages de films à cause de lui. Et bien sûr, je l'écris de chez moi, où je suis bien au chaud. Faut pas déconner non plus... - 5: "Frozen" d'Adam Green: un petit film bien foutu au scénario assez simple, 3 jeunes restent coincés sur un télésiège à la fermeture des pistes. Et bien je peux vous dire qu'il fait bien froid en montagne, coincé à 20 mètres du sol. Pour passer le temps, les trois personnages discutent et se demandent notamment quelle est la pire façon de mourir. Le froid doit sûrement faire partie des plus atroces. Après, je vous entend d'ici me dire qu'on ne prend pas le télésiège tous les jours pour aller au boulot ou faire ses courses. A juste titre... - 4: "Terminator 2" de James Cameron: Non, on fait en général une partie du chemin à pied. En région parisienne, je déteste ce vent glacial, qui donne une impression qu'il fait 10 degrés de moins que ce qu'il fait vraiment. Ca donne parfois l'impression qu'on va progressivement rester figé sur place. Un peu comme le T1000 aspergé d'azote liquide....
-3: "Star Wars V: L'Empire Contre-Attaque" d'Irvin Kershner: Toujours dans la série "le froid qui n'est pas causé par le froid", Han Solo se retrouve congelé à la fin de l'épisode 5. Au passage, voici un des meilleurs cliffhangers de l'histoire du cinéma, et qui dit Cliffhanger dit montagne, froid et tout ça... Je reste donc dans mon thème... Cela peut être une solution de se cryogéniser quand il commence à faire froid pour ne revenir qu'au printemps, mais vous reconnaîtrez que ce n'est pas super logique non plus... -2: "Le Jour d'Après" de Roland Emmerich: Ce film a ses détracteurs, moi je l'aime bien surtout car son contenu scientifique est étudié. Donc, si on continue à faire n'importe quoi avec notre planète, on risque d'être confronté à une période glaciaire qui nous donnera un peu plus de mal que les températures actuelles. Privilégiez donc les endroits où vous pouvez faire cramer des livres, comme les survivants du film dans leur bibliothèque. Je suis content de bosser à la Fnac moi... - 1: "Titanic" de James Cameron: Quoiqu'il arrive, comme Jack Dawson à la fin de Titanic, sachez rester dignes. S'il arrive à sauver sa damoiselle en faisant chavirer (...) des millions de jeunes filles dans le monde entier, je pense que nous serons nous aussi capables de garder la tête haute face aux éventuelles vagues de froid que nous rencontrerons cet hiver. "Never Let Go", qu'il disait... :)