mercredi 1 août 2012

Les Maîtres du Désordre - Musée du Quai Branly (Paris)





Depuis ses débuts en avril, cette exposition n'a cessé d'attiser ma curiosité, de par sa thématique et son originalité. Complètement inclassable dans sa forme, "Les Maîtres du Désordre" est une exposition de fond sur le thème des forces positives et négatives qui maintiennent l'univers en place. Cette tension, ainsi que sa (tentative de) résolution, est ici représentée par des costumes, des statues, des peintures, des sculptures, des oeuvres modernes, et même des courts-métrages ou des reportages. Structurée en trois parties, et très bien mise en scène par les architectes Jakob+MacFarlane, l'expo nous emmène dans les tréfonds de l'âme, évoque le bien et le mal et nous réfléchir sur les forces qui nous entourent.




C'est le désordre du monde qui nous est d'abord logiquement présenté. Les représentations des puissances maléfiques se succèdent, qu'elles viennent de la mythologie grecque ou de croyances plus locales, plus obscures. On voit que même l'existence éventuelle de dieux est une preuve d'ambivalence, il n'y a pas d'ordre sans désordre, pas de perfection sans chaos. 
On observe ensuite de nombreux costumes de chamanes, souvent magnifiques, parfois inquiétants, pour nous introduire à la famille des intercesseurs, c'est-à-dire ces êtres qui font le lien entre le divin et le profane. Ces esprits intermédiaires essaient de réguler les forces en présence grâce à leurs rites , leurs voyages cosmiques et autres métamorphoses. Cette maîtrise du désordre, la deuxième partie de l'expo est la plus importante et nous présente des oeuvres mémorables, comme le "Jardin d'Addiction" de Christophe Berdaguer et Marie Péjus.








Après un détour par l'épicerie des forces, et des parenthèses sur la maladie ou l'exorcisme, on rentre dans la troisième partie de l'exposition, la Catharsis. Elle nous parle du musiqué, des fêtes de désordre et autres cérémonies qui permettent de mettre en suspens le chaos. Ces exutoires sont représentés par des photos de transe, des costumes extrêmes et, enfin, par des oeuvres modernes montrant que l'art profane et l'expression des pulsions permettent l'expulsion du désordre.  Mais aussi la preuve de son existence.








Voir une exposition sur un thème précis est une expérience différente, surtout sur un thème aussi fort que celui-ci. Certains trouveront ces "Maîtres du Désordre" un peu dérangeants, et certaines oeuvres sont choquantes ou terrifiantes. Mais on ne peut nier les profondeurs de ressenti et de réflexion qui leur sont liées, ce qui en fît, à mes yeux en tout cas, une exposition majeure dans le paysage artistique. Une très belle expérience!









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