samedi 2 avril 2011

Blur - 13 (1999)






En tant que musicien, je n'ai d'admiration que pour les groupes qui composent des chansons, des albums que je ne pourrai composer que dans mes rêves. Le 6ème disque de Blur en fait partie. Même si je lui préfère "Modern Life Is Rubbish", il y a des choses dans cet album qui font des 4 anglais un groupe exceptionnel. "13" est d'une qualité rare. Il est de ces classiques que l'on entend parfois, ces exceptions musicales qui deviennent des incontournables. 

Blur a voulu aller plus loin. On le sent dès "Tender", avec ses choeurs sur les refrains. Ajoutés aux voix de Damon et de Graham, on se retrouve avec une ambiance gospel qui nous scotche d'entrée!
Le rock est aussi présent rapidement avec "Bugman" et son intro ultra saturée. Là, c'est la production qui frappe. William Orbit, roi de l'électro, vient remplacer Stephen Street et ça s'entend. Les guitares sont très noisy, limite indus et le mix est juste monstrueux! La fin du morceau en atteste avec ses découpages et ces effets qui nous envoient ailleurs. "Space Is The Place" nous dit Damon...
Retour à la pop avec "Coffee & TV" et Graham à la plume et au chant. Pop, mais pas de retour en arrière pour autant. Pas de son à la "Parklife", on est bien dans le prolongement de l'album éponyme.
Après le moyen "Swamp Song", bluesy-bizarre, et le très bon "1992", sorte de "Sing" moderne et bruitiste, le groupe nous secoue à nouveau un petit peu avec "B.L.U.R.E.M.I." qui, à la manière de "Bugman" sonne davantage comme de l'électro-rock que comme du punk. Le morceau fait du bien au milieu de cet album sombre et introspectif.
Commence alors cette succession de trésors, ces 5 chansons fabuleuses, complexes mais incomparables que sont "Battle", "Mellow Song", "Trailerpark", "Caramel" et "Trimm Trabb". Tour à tour ambiant, noise, furieusement rock, électronique, ces morceaux sont d'une grandeur, d'une richesse incroyable. Comme tous les trésors, ils ne sont pas faciles d'accès. Et "13" fera d'ailleurs un sacré ménage dans la fanbase du groupe. Mais une fois assimilés, ils feront de ce disque un disque à part. Le niveau de composition est exceptionnel, la production impressionnante et le tout d'une cohérence totale. Personnellement, j'attribuerai une mention spéciale à "Caramel", qui tient plus du divin que de la musique...
L'album se termine avec l'excellent et épuré single "No Distance Left To Run", où Graham démontre tout son talent, et sa faculté à pondre des riffs entendus nulle part ailleurs. "Optigan 1" clôt cette démonstration de musique moderne, un instrumental qui renvoie aux nombreux interludes séparant certains morceaux, principalement à l'orgue, donnant une ambiance presque religieuse à l'ensemble.

Un petit mot enfin sur les visuels. Blur y a toujours été très attaché. Ses pochettes, d'album ou de singles, ont toujours été extrêmement soignées, et ses clips très réfléchis. "13" ne fait pas exception à la règle. La pochette n'est autre qu'une partie d'une peinture de Graham. Il signera également celle des 3 singles, des tableaux sombres et torturés collant parfaitement à l'album. Notons aussi que le clip de "Coffee & TV", qui suit les aventures d'une brique de lait, est plus que réussi et a connu de nombreuses récompenses. Enfin, le chiffre 13, et ses nombreuses significations, qui représente le B de Blur.

Le groupe nous livre donc un album sombre, imprégné de la rupture de Damon Albarn, et qui, musicalement, accentue le côté expérimental esquissé dans le disque précédent. Associé à la production extraordinaire de William Orbit, "13" est d'une classe incroyable, d'une profondeur et d'une inventivité qui le hissent au rang de classique de la musique moderne. Un parfait mélange de rock, de pop et d'électro, dans le sens le plus noble des termes. Je me souviens que je trouvais ridicule la promo télé de l'époque, qui lançait avec une voix grave digne d'une bande-annonce d'un blockbuster hollywoodien: "13, le meilleur album de Blur!". Ridicule dans la forme. Certainement pas dans le fond.

19/20




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