Je continue ma découverte de l'univers musical du groupe anglais Hot Chip, avec ce deuxième album, "The Warning", sorti en 2006. Un premier disque, sorti en 2004, m'avait fait bien bonne impression. Avec des couleurs pop, soul et electro, on avait à faire à un album subtil et bourré de belles mélodies, mais peut-être un peu plat. Voyons si le quintet londonien a su négocier le virage compliqué du second album.
Ce qui est sûr, c'est que les mélodies sont toujours là. Leur côté soul a disparu, elles sonnent plus pop, parfois mélancoliques mais sont toujours la grande force du combo. On garde par moments le côté bricolo-bancal, faussement maladroit, comme dans "Look After Me", avec sa guitare jouée avec les pieds et sa rengaine de lover triste. Ces maladresses rajoutent du charme à l'ensemble, même si on se doute qu'elles sont entièrement réfléchies. La mélancolie, elle, apparaît par exemple dans le somptueux "So Glad To See You", d'une beauté et d'une humanité rare, un terme assez étonnant pour un titre porté par des voix robotiques. La grande classe!
La grande évolution du disque, c'est la facette electro du combo, beaucoup plus poussée. Les deux premiers singles, "And I Was A Boy From School" et "Over & Over", parfaitement taillés pour le dancefloor, en attestent, Hot Chip peut désormais toucher un nouveau public. Moins dance mais tout aussi rythmé, l'excellent titre éponyme tape dans le minimaliste, bien présent sur "Coming On Strong", et le très efficace "Arrest Yourself" confirme la tendance. Les beats s'imposent davantage et rendent ce deuxième essai plus rythmé, moins plat. Exactement ce qu'il fallait!
"The Warning" permet en tout cas un constat important. Peu importe le style, personne ne sonne comme Hot Chip! Le travail des sons est juste impressionnant. Que ce soit au niveau des beats et des percussions, des bruitages et des ambiances, de la finesse des basses, la qualité est plus qu'au rendez-vous, pour vraiment définir un son et une personnalité de groupe. Tout ceci est complété par un soupçon d'acoustique, avec des des touches de guitares, et surtout par des mélodies vocales qui font de ces titres de véritables chansons. L'autre aspect de ce travail des sonorités, c'est que les 5 savent nous transporter facilement dans un univers personnel, comme le morceau "Colours", ou le sus-nommé "So Glad To See You". Inimitable.
Meilleur que le précédent, plus accessible aussi, Hot Chip nous présente ici un véritable deuxième album. L'évolution est là, la maturité aussi, on sent que le style s'est affiné et que le groupe s'est trouvé. En conservant ses qualités d'origine, il a su y ajouter du relief et des couleurs, éléments qui manquaient peut-être au premier opus. En tout cas, la dance mélancolique de "The Warning" marque les esprits. Un disque référence d'electro pop!
J'ai eu cette affiche devant les yeux au boulot pendant quelques semaines l'année dernière, et tout naturellement, j'étais assez curieux de voir ce que le film valait. "Insidious" est la dernière production de James Wan, réalisateur d'origine malaisienne, déjà récupéré par l'industrie américaine. Un gage de qualité en général. Loi des séries oblige, en même temps qu'"Insidious", je suis tombé par hasard sur deux autres de ses métrages, "Dead Silence" et "Death Sentence" (oui, j'en suis au D...). Et force est de constater que le jeune homme a un sacré talent. On l'avait déjà vu à l'oeuvre avec le premier "Saw", qui avait plus marqué par son thème que par le style de son réalisateur. Voyons si "Insidious" marque une progression par rapport à ces dernières sorties.
Le générique est d'entrée bien foutu. Le titre qui apparaît au début avec son bruit et ses violons fait son effet, et renvoie à des classiques du cinéma du genre. S'en suit le véritable générique, esthétiquement très soigné avec ses couleurs rouge et gris. Dans un film d'horreur, l'étape essentielle, c'est la mise en place. C'est la gestion du rythme au début qui conditionnera la tension ultérieure. On suit le quotidien d'une famille américaine lambda. Doucement, les premiers phénomènes paranormaux pointent le bout de leur nez. Doucement. Tout doucement. Trop, diront certains. Pas moi. Un premier frisson est rapidement rationalisé par la maladie de l'enfant. La maison commence à être malsaine? Les héros déménagent. Résultat? C'est la frustration qui prend le dessus et cette frustration est pour beaucoup dans la peur qui s'emparera de nous quand les choses vont se gâter. Et c'est elle encore qui nous donnera plus tard l'impression que le cauchemar ne se finira jamais.
Oui, la peur est là, à tous les étages. Une peur primaire d'abord, on est au 21ème siècle, on sait y faire maintenant. L'environnement sonore, si important, est maîtrisé (alarme volontairement stridente, parfaite gestion des silences, et ces satanés violons...), tout comme les éléments visuels et la direction de James Wan. Les plans nous donnent vraiment l'impression d'être dans cette maison, et la maîtrise du rythme est idéale. Ainsi, après le déménagement, on enchaîne les moments de terreur. Pas de sursaut, mais des frissons qui parcourt le corps. Tout le temps, même quand il ne se passe rien de particulier. On se fige à l'apparition du terrifiant cousin de Darth Maul, et l'image de la sorcière, digne d'une Dame Blanche, est difficile à effacer. Les thèmes d'"Insidious" renvoient à des peurs plus profondes. La maison hantée, la possession, le surnaturel... Si on rentre dans cet univers, on sera forcément glacés d'effroi dans la 2ème partie du film.
Quant à la dernière partie, c'est un peu quitte ou double. Wan nous entraîne dans un monde délirant, une représentation cauchemardesque de l'inconscient, qui n'avait pas été aussi bien mis en images depuis l'excellent "The Cell". Cela ne plaira pas à tout le monde, mais c'est pourtant cette folie qui fera toute la différence entre un Paranormal Activity-like et un film qui a quelque chose en plus. Quand les deux geeks hérités de "Ghostbusters" entrent en scène, on se demandera si ce n'est pas une blague. Et tout est là, ce n'en est pas une. Même pour eux! A force, ni eux ni nous n'avons plus du tout envie de rire. Et plus le délire part en surenchère (le masque pendant la séance de spiritisme), moins ça nous fait marrer! Et c'est là qu'intervient le quitte ou double. Les rebondissements s'enchaînent, et si on se laisse embarquer dans ce cauchemar sans fin, il sera difficile de s'en réveiller.
"Insidious" est donc un excellent film, dans la forme, mais aussi dans le fond. Le récit tient carrément la route, aucune faille dans le scénario, les dialogues et les réactions des personnages sont tout à fait censées. Le gros point fort, c'est qu'à aucun moment on ne se demandera si l'on croit ou pas à ces évènements surnaturels. On est dedans et on a rien à dire. Restent donc ces rebondissements finaux, à vous de voir si vous êtes embarqués dans ce voyage ou pas.
Il sort régulièrement des bons films d'horreur, qui entretiennent le genre, voire qui lui redonnent un petit coup de fouet. Mais combien d'entre eux sont vraiment excellents, savent allier la forme et le fond et nous marquent à jamais? Personnellement, il y eût "Deux Soeurs" de Kim Jee-woon en 2003, et, ô surprise, il y a "Insidious". Le meilleur film sur les esprits depuis "Poltergeist". Rien que ça!