dimanche 2 septembre 2012
Un Musée Ephémère - Château de la Roche-Guyon (Yvelines)
Voici la preuve que l'art peut être partout, et notamment là où ne l'attend pas. En revenant de Giverny le mois dernier, je me suis arrêté pour visiter le château de la Roche-Guyon. Je ne me faisais aucune illusion sur cette visite, c'était surtout pour combler un trou dans mon après-midi. Bien m'en a pris en tout cas. Non seulement l'édifice en lui-même est impressionnant, adossé à sa falaise de craie, mais il accueille en plus en son sein une exposition d'art contemporain des plus surprenantes. Une belle découverte!
La surprise commence avant même l'entrée, puisqu'on est accueilli par des colonnes Buren. Puis un rébus des plus étranges, puisqu'il se fond tellement dans le paysage que les visiteurs n'y voient même pas un objet d'art, nous interpelle au détour de la terrasse. L'exposition moderne, jusque là discrète, commence à passionner. Que font ces oeuvres contemporaines dans un décor si traditionnel? La première chose qui vient à l'esprit, ce sont bien sûr les expositions Murakami ou Koons au château de Versailles, qui avaient fait grand bruit. Le principe est le même, l'approche est différente. Déjà parce que tous les artistes sont français, tous issus de cette génération des années 70 qui a marqué l'art de ces dernières décennies. Buren donc, mais aussi Ernest Pignon-Ernest, Jean-Luc Parant, Claude Viallat et bien d'autres. Aussi parce que les oeuvres ont été pensées par rapport à l'endroit, c'est le château qui a inspiré et non des pièces qui ont été dispersées de ci de là. Et la visite de cette belle forteresse moyenageuse est ainsi parsemée d'objets et d'oeuvres de notre temps.
La bâtisse en elle-même est déjà loin d'être quelconque. Entièrement creusée dans la roche, elle nous entraîne tour à tour au Moyen-Âge, au siècle des Lumières, au 19ème siècle, puisque Turgot, Condorcet, puis Hugo ou Lamartine y avaient leurs habitudes. Au 20ème siècle, l'ancienne forteresse retrouve même sa vocation militaire, Rommel s'y installe en 1944. La fin de la visite dans les casemates nous offre encore un tout autre aperçu de l'édifice. Notez que Edgar P. Jacobs a choisi ce château pour accueillir une aventure de Blake et Mortimer, dans l'album "Le Piège Diabolique".
L'exposition quant à elle est toujours intéressante. On parcourt les petits feuillets qui accompagnent chaque "emménagement", avec plus ou moins d'explications selon les artistes. Certains laissent perplexes, d'autres nous parlent un peu plus. La plupart utilise très bien l'espace, comme les têtes de mort d'Ernest Pignon-Ernest dans le pigeonnier, ou encore l'énorme installation dans les casemates, où le fer et les fils donnent une impression de science-fiction. On entre en tout cas dans chaque pièce avec hâte, pressé de découvrir comment l'art s'est encore approprié l'endroit.
Je ne peux que vous conseiller de visiter le château de la Roche-Guyon, et d'autant plus si vous le faîtes avant fin 2012. Cette exposition d'art moderne fait plus que pimenter une visite qui aurait déjà valu la peine dans l'absolu, juste pour l'édifice en lui-même. Le contraste entre le contemporain et l'ancien pourra peut-être en surprendre quelques-uns, mais personnellement, ce "Musée Ephémère" a fini de me convaincre que le mélange des deux est des plus intéressants, mais aussi parfois des plus esthétiques. Une visite atypique à moins d'une heure de Paris. N'hésitez pas une seconde!
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